«Famille de criminel»: «J’ai compris que j’étais en train de m’enterrer vivante», dit Annie-Soleil Proteau
Le Journal de Montréal
Annie-Soleil Proteau a accepté de dévoiler un pan secret de son passé, à savoir qu'elle a fréquenté le monde criminel, ceci afin de faire œuvre utile dans la série documentaire Famille de criminel.
Au fil des six épisodes qui sont maintenant diffusés sur la plateforme Vrai, elle raconte avoir, au cours de son adolescence dans Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal, fréquenté un trafiquant de drogue, en plus de compter, dans sa famille, des gens liés à la « haute criminalité ».
« Quand j’étais très jeune, j’ai décidé d’aller vers ce milieu-là. Mon chum et mes amis étaient du milieu criminel. Je ne voyais pas à ce moment-là l’ampleur de la souffrance, je voyais juste la liberté [...] », a témoigné la chroniqueuse culturelle de Salut Bonjour week-end, qui mentionne qu'elle carburait alors à « l’adrénaline et à la démesure ».
Dans la série, elle dit que ses fréquentations de l’époque mettaient un « pansement sur beaucoup de douleur » et comblaient son « besoin d’amour démesuré ».
« Un jour, j’ai été chanceuse, j’ai compris que j’étais en train de m’enterrer vivante, carrément, et j’ai pu quitter cette vie-là. Ç’a été vraiment rough, c’était très difficile à faire, mais je l’ai fait », a-t-elle ajouté au cours d’une entrevue avec l’Agence QMI.
Plusieurs amis de cette époque « sont morts tragiquement », c’est pourquoi Annie-Soleil Proteau souhaite sensibiliser des jeunes à ne pas prendre le chemin de la criminalité ou à en sortir avant que ça se termine mal. Elle parle de son passé non sans craindre de perdre l’affection d’une partie du public, amour dont elle a justement tant besoin, mais elle assume son choix.
Pour les besoins de Famille de criminel, projet qui est en gestation depuis plus de deux ans, elle a épaulé son ami Félix Séguin, qui est journaliste au Bureau d’enquête de Québecor et animateur de l’émission J.E, à TVA, afin de donner la parole – comme jamais auparavant – à des proches de criminels. Puisqu’elle comprend ce qu’ils vivent, elle a pu les convaincre de se confier à la caméra de la réalisatrice Vanessa Cournoyer.
« Ces gens-là, on ne les entend jamais. On trouvait ça important de braquer les projecteurs sur la souffrance des familles de criminels. Ça vient avec énormément de jugement. On voulait démontrer à quel point ces gens-là ne sont aucunement coupables par association », a dit Annie-Soleil Proteau, en précisant que l’introspection provoquée par les tournages a remué bien des souvenirs, des traumas même, qu’elle avait occultés.
Les témoignages des enfants du membre de gang de rue Jean Raymond Claude sont bouleversants. Le rappeur MikeZup et sa sœur Mélodie-Jade, qui a brillé à La Voix, racontent leur vie dans la maison de celui que l’on surnommait Jean Jean. L’homme a disparu en 2015.