«Cispersonnages en quête d’auteurice»: s’approprier (ou pas) des handicaps
Métro
La 17e édition du Festival TransAmériques (FTA) a été lancée mardi soir. Jusqu’au 8 juin, les festivalier.ère.s baignent dans les créations contemporaines, en danse comme en théâtre, d’artistes d’ici et d’ailleurs. Du lot, la Québécoise Catherine Bourgeois, qui présente avec sa compagnie Joe Jack et John un tout premier spectacle dans le cadre du FTA, Cispersonnages en quête d’auteurice, du 31 mai au 3 juin à l’Espace libre.
Ce titre on ne peut plus woke (et pleinement assumé) est un clin d’œil au classique de Luigi Pirandello. L’autrice ne fait pas une relecture de Six personnages en quête d’auteur, mais y trouve tout de même un écho: 100 ans plus tard, le théâtre se questionne encore sur l’appropriation du vécu des autres.
Mais ici, ce n’est pas une famille italienne qui est insatisfaite de la façon dont des comédiens interprètent son drame. Les questions soulevées par Catherine Bourgeois sont tout à fait d’actualité: est-ce que n’importe quel.le acteur.trice peut jouer n’importe quel personnage? Si l’on en discute amplement quand on parle de personnages trans ou racisés, la metteuse en scène croit qu’on n’a pas la même sensibilité envers les personnages en situation de handicap.
«Quand on regarde la question de l’appropriation, encore régulièrement, les personnages handicapés ne sont pas interprétés par des personnes en situation de handicap», note-t-elle en entrevue avec Métro.
Lorsque Catherine Bourgeois a cofondé la compagnie Joe Jack et John, au début des années 2000, les notions de diversité et d’inclusion n’avaient pas la même résonance, tant dans le milieu qu’auprès du public. Longtemps vue comme un projet plus communautaire qu’artistique, la troupe composée d’artistes en situation de handicap ou pas a mis un certain temps avant d’avoir le vent dans les voiles.
«J’avais cet intérêt de cofonder une compagnie qui nous permettrait de rassembler dans un local de répétition des gens que je ne côtoie pas nécessairement au quotidien. J’avais aussi un intérêt à écouter la parole de l’autre et à mettre de l’avant différents points de vue», indique la dramaturge, qui utilise généralement l’écriture de plateau pour faire entendre ces différentes voix.
Catherine Bourgeois signe toutefois seule Cispersonnages en quête d’auteurice, et pas uniquement parce que celle-ci a été écrite en pandémie alors qu’elle était en solo chez elle. «J’ai l’impression que ce n’est pas une pièce à laquelle on serait arrivé en écriture collective, parce qu’il y a tout un travail d’observation de la société à la base de cette écriture.»