Yao, l’homme Kintsugi
Radio-Canada
Le kintsugi est l’art japonais de réparer la céramique brisée avec de la laque saupoudrée d'or. Inspiré par cette idée d’embellir les cassures d’un objet, le slameur d’Ottawa Yao lance ce mois-ci son nouvel album Kintsugi porté par le désir de magnifier les failles de l’âme.
C’est une philosophie qui me parlait énormément, parce qu’on a tendance à jeter un objet brisé ou à dire qu’il n’a plus de valeur, mais tout à coup, [...] les fissures de cet objet brisé deviennent belles. Elles deviennent ce que l’on regarde, explique l’auteur-compositeur-interprète de 34 ans.
Pour Yao, Kintsugi est un album personnel et thérapeutique, puisque l’artiste s’est permis d’être vulnérable dans l’écriture de ses chansons.
C’est faux [de dire que] toute adversité nous rend plus fort. Toute adversité digne de ce nom commence par nous mettre en 1000 morceaux [et] on a le choix : soit rester en morceaux ou accepter de se reconstruire, ajoute l’Ottavien d’adoption.
« [Je voulais] faire un kintsugi de l’homme. Utiliser la musique pour mettre une lentille sur mes propres blessures et fractures, et me reconstruire un morceau à la fois, une chanson à la fois. »
Abordant les thèmes de la peine, de la résilience et de l’espoir, les 11 chansons de Kintsugi ont été conçues comme une collection d’états d’âme.
« Je me suis levé un matin et je me sentais euphorique, comme si, tout à coup, tout allait bien, alors j'ai écrit Euphorie. Quand j’ai voulu exploser et que je me devais de garder mon sang-froid, j’ai écrit Sang froid », cite-t-il en exemples.
« Chaque chanson a sa propre identité, un peu comme une assiette qui se brise en morceaux. Les morceaux se brisent de manière aléatoire, mais chaque morceau a sa place dans l’ensemble, comme un puzzle. »
La chanson Effet placebo aborde par exemple la tendance à s’étourdir dans la routine pour oublier ses soucis.