Trois expositions offrent un nouveau regard sur la mémoire à la galerie Power Plant
Radio-Canada
La galerie Power Plant de Toronto accueille trois nouvelles expositions. Deux sont consacrées à des artistes en particulier : l'Albertaine autochtone Brenda Draney et le Britannique Amartey Golding, alors que la troisième rassemble les œuvres de différents artistes installés dans la Ville Reine.
À travers l'accrochage consacré à Brenda Draney, on voit apparaître au fil des peintures les questions de la mémoire et du souvenir, toujours fragmentaires, comme ces toiles aux airs inachevés. Appelée Drink From the River (Boire l'eau de la rivière), l'exposition s'inspire d'une citation du philosophe grec Héraclite : Aucun homme ne marche jamais deux fois dans la même rivière, car ce n'est pas la même rivière, et ce n'est pas le même homme.
Jacqueline Kok, commissaire de l'exposition, revient sur cette phrase : cela signifie qu'il y a toujours quelque chose qui évolue en chacun de nous, Brenda Draney veut montrer que les changements qui se produisent dans notre vie sont inévitables et qu'il faut trouver une façon de les accepter.
Les peintures de Brenda Draney sont un moyen de faire front face aux situations traumatiques, ajoute Jacqueline Kok, avant de souligner que pour l'artiste autochtone c'est une façon d'admettre que l'on ne peut pas retourner dans le passé.
Par une esthétique qui n'est pas sans rappeler les dessins d'enfants et au moyen d'une palette claire et colorée, Brenda Draney laisse des parties vides dans son travail comme pour indiquer que la mémoire n'est jamais complète, ces trous obligent à faire avec les lacunes de nos mémoires, ces vides sont la représentation des choses qu'on oublie, selon Jacqueline Kok.
La deuxième exposition hivernale est dédiée au travail d'Amartey Golding : photos, costumes et films projetés sur grand écran. Joséphine Denis, qui a commissionné ce travail, s'intéresse aux perspectives qui questionnent notre manière d'apprendre et qui demandent un regard actif. Il faut en effet se concentrer dès l'entrée dans l'espace qui est consacré à Golding à cause de la pénombre dans laquelle est plongé le visiteur.
L'artiste emploie une esthétique qui fait la part belle aux histoires des personnes marginalisées, de celles qui passent leurs nuits en ville autour d'un feu ou traversent des musées dans d'étranges costumes.
L'univers de Golding est une synthèse entre réalité crue et mystère. L'artiste mélange les origines britannique et ghanéenne ce qui, selon Joséphine Denis, complexifie grandement son discours sur les identités politiques, l'entraînant dans la compassion pour parvenir à soigner les traumatismes de manières constructives.
Un immense costume en cheveux fait partie des œuvres montrées et la commissaire de l'exposition revient sur la double symbolique de cette pièce qui donne une idée des intérêts conjoints de Golding. Composée de tresses, de twists et de dreadlocks, l'artiste a voulu, à travers ce vêtement composé de cheveux de personnes noires, interroger aussi son autre origine.