Réforme de la carte électorale : la communauté acadienne doit « se préparer »
Radio-Canada
Un expert en droits linguistiques conseille la vigilance à la communauté acadienne du Nouveau-Brunswick à l’approche de la révision des circonscriptions électorales provinciales.
Le gouvernement provincial doit créer au cours des prochains mois une commission sur la délimitation des circonscriptions électorales. L'exercice est refait tous les 10 ans.
La commission devait être formée en 2020, mais le déclenchements d'élections imprévues en septembre 2020 a changé les choses, explique un porte-parole d'Élections Nouveau-Brunswick. La date limite pour former une commission, selon la loi, est maintenant en août 2022. Cette date correspond au dixième anniversaire de la création de la commission précédente.
Le juriste Michel Doucet, constitutionnaliste et spécialiste des droits linguistiques, et le président de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick, Alexandre Cédric Doucet, ont publié une lettre à ce sujet, lundi, dans le quotidien l’Acadie Nouvelle.
Chaque fois qu’il y a une réforme du genre, la communauté acadienne doit être vigilante, affirme Michel Doucet durant une entrevue accordée à l’émission La matinale, d’ICI Acadie.
On se souviendra que lors du dernier exercice en 2013 il y avait eu du grognement chez la communauté acadienne. Certaines circonscriptions, dont par exemple celle de Moncton, s’étaient vues fusionnées avec des régions très anglodominantes. On avait vu également dans la région de Neguac, il y avait eu une démarche judiciaire entreprise par la Société de l’Acadie, par l’Association francophone des municipalités et des citoyens. Donc, pour éviter ça cette fois-ci, je crois qu’il faut se préparer, explique Michel Doucet.
Il faut être prêt à défendre les circonscriptions, le pouvoir politique de la communauté acadienne, parce qu’avec les tendances lourdes sur le plan démographique, la baisse des francophones dans certaines régions et également avec le premier ministre qui a dit à plusieurs reprises qu’il aimerait voir le nombre de députés à Fredericton diminuer, il y a des sources d’inquiétude certainement pour la communauté francophone du Nouveau-Brunswick, estime M. Doucet.
La communauté acadienne dispose notamment de l’article 3 de la Charte canadienne des droits et libertés, qui garantit le droit de vote et le droit à une représentation effective.
C’est-à-dire une représentation qui n’est pas uniquement fondée sur le nombre de personnes dans une circonscription, mais qui protège certains intérêts, certaines communautés d’intérêts géographiques, historiques et également linguistiques, précise Michel Doucet.