Prix de poésie 2023 : enthousiasme et curiosité, les clés de la réussite pour le jury
Radio-Canada
Les poètes Diane Régimbald, Jonathan Roy et Chloé Sainte-Marie sont les trois membres du jury du Prix de poésie Radio-Canada 2023. En entrevue, le trio parle de son amour de la poésie, évoque ses projets d’écriture, propose des suggestions de recueils et révèle une savoureuse anecdote entre Gaston Miron et Gilles Carle.
Il y a maintenant 30 ans que la poète Diane Régimbald a publié son premier livre, La seconde venue. Une dizaine d’autres ont suivi. Ses publications se sont faites au rythme des aléas de sa vie familiale et professionnelle. Je faisais tout en parallèle, mais en me donnant du temps. […] J’ai toujours eu cet intérêt pour la poésie et j’ai toujours été présente dans le milieu.
Pour Diane Régimbald, la poésie est un langage riche qui permet d’incarner une pensée. La poésie permet une plongée dans cette pensée qui va s’ouvrir à une altérité qu’on porte en soi. Elle permet aussi d’aller à la rencontre des autres, dit-elle.
La rencontre des autres est d’ailleurs un sujet omniprésent dans son discours, tout comme l’engagement fait partie intégrante de son parcours. Diane Régimbald œuvre au sein du Comité femmes de P.E.N. Québec (organisme de défense du droit d’expression) et est également secrétaire générale de l’Académie des lettres du Québec. Elle juge cet engagement indispensable pour sortir de l’isolement et provoquer des moments de partage et d’idéation.
« Pour moi, l'écriture est un voyage. Elle permet un déplacement hors du commun pour créer et rencontrer. Je trouve cela très important. J’ai fait des résidences d’écriture et ça m’a permis de voir comment mon écriture se déplaçait dans des territoires ou des villes autres que les miennes. Ces espaces étrangers m'amènent à être dans un mouvement inconnu et dans une certaine fragilité. »
Dans son dernier recueil, Au plus clair de la lumière – Chant pour l’enfant qui revient (2021), ses poèmes de 12 lignes bien comptées, écrits à l’impératif, ont graphiquement la forme de fenêtres. Ce n’était pas un impératif d’ordonner; je voulais d’abord ouvrir à ce qui se passe dans le monde, aux urgences, à la fragilité d’être, à la vulnérabilité. J’aime travailler entre le fond et la forme pour donner une proposition nouvelle.
Diane Régimbald travaille actuellement sur Échographies, un projet qu’elle termine en France et qu’elle a fait en collaboration avec une graveuse. Une autre publication, prévue pour l’an prochain, pose plusieurs questions identitaires. Qu’est-ce qu’être une fille? Qu’est-ce qu’être une mère? Cette fille-là qui peut devenir mère, mais qui demeure toujours cette fille... Ce recueil s’intitule, pour le moment, Permutées, au féminin pluriel, comme elle le précise.
La poésie m’a appris à savoir questionner le vivant. Pas seulement les êtres humains, mais tout ce qui bouge autour de soi, conclut-elle.
Figure très active dans le milieu littéraire acadien, Jonathan Roy croit à la démocratisation de la poésie. Ça ne sert à personne de trop élever la poésie sur un piédestal, dit-il.