Les pharmaciens propriétaires déplorent l’avancée des négociations avec Québec
Radio-Canada
L'Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP) déplore le silence radio du gouvernement depuis qu'elle a déposé sa dernière offre le 30 juin. Pour elle, c'est l'impasse, au point où elle est « en réflexion stratégique pour déterminer la suite des choses et considérer toutes les options », selon une note interne envoyée aux membres.
Il y a une déception [...] et je dirais une certaine remise en question aussi [...] sur la nature des services que les pharmaciens propriétaires vont être capables d'offrir dans les prochains mois ou les prochaines années, affirme le président de l'AQPP, Benoit Morin.
Appelés en renfort par Québec pour vacciner la population et distribuer les tests rapides, les pharmaciens propriétaires souhaitent que le gouvernement leur témoigne une certaine reconnaissance.
Les deux parties ne s'entendent pas sur l'augmentation des honoraires en lien avec la préparation des médicaments. Ces montants-là ne servent pas à payer nos salaires, mais à payer toutes les dépenses de la pharmacie, précise Benoit Morin.
Il explique que le coût des fournitures a augmenté de 12 % et que les coûts de livraison, d'essence, d'électricité et de loyer ont aussi bondi en raison de l'inflation. Comme toute organisation, on fait face à une augmentation des dépenses. La pénurie de main-d'œuvre force également les pharmaciens propriétaires à offrir de meilleurs salaires à leurs employés, afin de favoriser leur rétention.
« À partir du moment où l'augmentation qu'on négocie avec le gouvernement est inférieure à nos dépenses, ça limite notre capacité à nous développer et à assurer plus de services [...] c'est aussi simple que ça! »
Puisqu'ils offrent des services essentiels, ils n'ont pas le droit de déclencher une grève. Leur association ne peut pas non plus lancer un mot d'ordre pour exécuter des moyens de pression.
Cependant, de façon individuelle et autonome, un pharmacien propriétaire pourrait décider de réduire ses heures d'ouverture ou de ne plus offrir certains services, sous prétexte qu'il ne dispose pas de revenus suffisants pour rentabiliser sa pharmacie.
Benoit Morin craint la réaction suivante de la part de certains de ses membres : La vaccination ou la prise en charge ne sont pas une source de profits pour nous. Ce sont des services qu'on accepte de donner à la population. C'est évident qu'un pharmacien propriétaire avec plus de dépenses et moins de revenus va se concentrer sur l'essentiel. Il ne sera pas enclin à se développer. Il y a une certaine amertume parce qu'on a le sentiment d'avoir tenu le fort à tous les moments. C'est décevant!