Les grands arbres sont indispensables dans les grandes villes
Métro
Alison Munson, co-titulaire de la Chaire de recherche sur l’arbre urbain et son milieu (CRAUM) et Anaïs Paré, professionnelle de recherche pour la CRAUM, analysent les effets de la présence d’arbres dans les grandes villes au niveau de la santé physique et mentale des individus, mais aussi par rapport à l’environnement et à la régulation du climat.
Les arbres sont des éléments importants de notre paysage urbain. Avec plus de 50 % de la population mondiale vivant en ville, il serait inimaginable de se passer des nombreux services écosystémiques (les bénéfices aux résidents) qu’ils nous rendent.
Nous en avons bien eu la preuve dans les mois précédents lorsque les mesures sanitaires étaient des plus restrictives: les parcs urbains ont vu leur taux de fréquentation s’accentuer de façon faramineuse. Et ce n’est pas le fruit du hasard! La présence d’arbres a pour effet de favoriser la santé physique et mentale des individus, et c’est entre autres ce qui peut expliquer le fait que les citadins ont senti le besoin de se retrouver dans des espaces verdoyants.
De plus, les arbres que nous côtoyons chaque jour sur les terrains privés, dans les rues ou dans les parcs fournissent une multitude de bienfaits pour l’environnement et la régulation du climat, incluant l’atténuation de bruit en ville, la captation du carbone, et la contribution à l’infiltration plus lente de l’eau dans les sols.
Bien que l’ensemble du patrimoine arboré d’une ville joue un rôle sur la qualité et la quantité des services écosystémiques rendus, les arbres à l’échelle individuelle n’ont pas tous les mêmes caractéristiques, et donc n’ont pas tous la même capacité à livrer des services écosystémiques. Il est alors pertinent de se demander quels arbres sont les plus efficaces dans la livraison de ces bénéfices, pourquoi, et quelles pratiques d’aménagement permettraient de les favoriser.
Nous sommes membres de la Chaire de recherche sur l’arbre urbain et son milieu de l’Université Laval, qui a pour objectif de trouver des solutions pour aider la survie à long terme des arbres dans les milieux urbains.
De façon générale, les arbres de grande taille ont une meilleure capacité à stocker du carbone (donc, à capter le carbone de l’air pour réduire le CO2 dans l’atmosphère), à diminuer la pollution atmosphérique, et permettent d’éviter plus efficacement le ruissellement des eaux pluviales. En effet, les arbres ayant un diamètre de tronc plus grand ont une plus grande biomasse ligneuse (quantité de bois), ce qui leur permet de stocker davantage de carbone que les plus petits arbres. De la même manière, l’interception des précipitations et des polluants atmosphériques augmenterait avec la plus grande taille de la canopée (les cimes des arbres dominants) et la surface foliaire totale (surface totale de toutes les feuilles) associée à une plus grande taille. Les grands arbres sont donc généralement plus efficaces que les plus petits pour fournir ces services de régulation, indispensables en milieu urbain et surtout dans un contexte de changements climatiques.