Les coups de cœur 2022 de notre équipe culturelle
Radio-Canada
Toute l’année, notre équipe culturelle a été à l’affût d’événements et d’œuvres estriennes à partager avec le public. Voici ce qui a particulièrement retenu leur attention en 2022.
Les lecteurs qui se sont régalés des aventures de la trilogie de La Bête retrouveront avec bonheur son humour trashicomique (note de l’éditeur) et sa plume acérée et engagée à travers ce personnage, Maple, qui sort de prison. Cette prostituée vivant en maison de transition, avec mille règles à respecter, les transgressera toutes en voulant rapidement s’impliquer dans sa communauté et en enquêtant personnellement sur des meurtres crapuleux envers ses collègues. Maple était déjà un peu présente dans le 3e tome de La Bête, mais avec ce livre qui porte son nom, elle brille de tous ses feux, avec sa personnalité intense, ses valeurs bien à elle et son entourage de personnages irrésistibles, de délicieuses créations de David Goudreault. Rythme d’enfer, et dépendance assurée.
Ce spectacle du 12 novembre au Granada, qui suivait la sortie du nouvel album Disruption, attendu depuis des années de la part des fans, fut une grande soirée de retrouvailles attendues et réussies. Le groupe avait fait une pause d'environ dix ans, en excluant des sorties d'albums solos pour Marie-Eve Roy et pour Guillaume Beauregard. Tant de choses nous avaient manquées : l'énergie et la poésie engagée du groupe, et leur musique punk, toujours aussi solide. En prime, la présence plus marquée de la chanteuse Marie-Eve, autant sur l'album que dans le spectacle, et de beaux effets visuels à l’arrière, ont ravi le public. Marie-Eve a pris toute sa place avec sa guitare, pour notre plus grand bonheur. Le public a manifesté sa joie avec beaucoup d'intensité, dans une ambiance survoltée. On peut donc parler d'un retour spectaculaire, énergique, et sans faille pour ces talentueux musiciens que sont les Vulgaires machins.
Gloucester, une tragédie médiévale comico-absurde mise en scène par la Sherbrookoise Emmanuelle Laroche, présentait une multitude de clins d’œil aux œuvres de Shakespeare dans une histoire rocambolesque, maîtrisée à tous les points de vue par les artistes sur scène, dans des décors magnifiques et une mise en scène ingénieuse et sans faille. Le plaisir était au rendez-vous, le public riait à s’épuiser de ce délicieux délire qu’on reverrait volontiers en supplémentaire, puisque les blagues se succédaient sans répit. Nous en sommes ressortis épuisés, mais ravis, comme l’aurait dit Aznavour. Les comédiens et comédiennes avaient attendu deux ans, à cause de la pandémie, pour présenter Gloucester, et une fois sur scène, ils ont tout donné.
L’idée de François Bernier était de réunir des musiciens de différents ensembles de la région, pour tenir ce concert-bénéfice gratuit avec contribution volontaire. L’idée a trouvé preneurs. Les musiciens et le public ont répondu en grand nombre. Ce sont 75 artistes, des musiciens de l’Orchestre de l’Université de Sherbrooke, de l’Orchestre du 7e art, de l’Ensemble à vents de Sherbrooke et des Fusilliers de Sherbrooke, qui ont livré un magnifique concert, dans une église remplie de gens émus. Cet événement vécu dans le plaisir et la solidarité des Sherbrookois a permis d’amasser plus de 24 000 $ de dons pour les Ukrainiens s’installant à Sherbrooke.
Cette œuvre a procuré aux visiteurs de puissantes émotions lors de son exposition au Musée des beaux-arts de Sherbrooke, dans le cadre de la Biennale des artistes des Cantons-de-l’Est, l’été dernier. L’installation spectaculaire d’Amélie Pomerleau, constituée d’un véritable canot de cèdre grandeur nature suspendu, entouré d’une trentaine de magnifiques mains de porcelaine également suspendues, ne pouvait que retenir l’attention, la curiosité et l’admiration. On n’en finissait plus de tourner autour et de la prendre en photo, signe que l’artiste a réussi à nous attirer dans son univers. Cette œuvre ainsi que son titre ont été inspirés par l’idée que nous sommes composés de tous les éléments qui existent sur la terre et au-delà. Nous sommes matières, en constante évolution, et indomptables…
Pas le choix, deux livres se retrouvent dans cette liste. L'autrice et enseignante en philosophie au collégial Véronique Grenier signe un premier essai sur un sujet interpellant : la fatigue. À boutte : Une exploration de nos fatigues ordinaires, publié chez Atelier 10, est une toute petite plaquette de 78 pages, mais ô combien dense de réflexions intellectuelles, doublée d'une douce poésie. Les mots de Véronique trouvent écho, et sa plume est toujours aussi puissante et imagée.
Dans Tous des loups, publié chez Fides, l'écrivain sherbrookois Ronald Lavallée signe un quatrième roman tout simplement enlevant. Son polar est campé dans la nordicité canadienne lors de la Première Guerre mondiale. L'écriture est concise, précise, magnifique. Il s'agit d'une première incursion pour le romancier dans ce genre littéraire et c'est hautement réussi. Tous des loups m'a tenue en haleine, du début à la fin.
J'ai été soufflée par les œuvres de la Sherbrookoise Guy-Anne Massicotte. Je suis allée visiter l'exposition Natures intérieures au Centre culturel Pierre-Gobeil, en septembre dernier, où je voyais son travail pour la première fois. Le réalisme de ses œuvres est hallucinant. En résultent des créations originales, contemporaines et captivantes. Cette artiste en arts visuels remporte des prix partout sur la planète pour sa démarche et son travail exceptionnel. Je me promets de lui parler en 2023.