Le chemsex, une épine dans le pied de la communauté gai
Radio-Canada
Après quelques années noires, Éric a réussi à échapper aux sirènes du chemsex. À 39 ans, c'est une personne souriante et dynamique, assumée aussi, avec sa fine barbe, ses boucles d'oreilles et son vernis à ongle.
L'utilisation de la drogue avec la sexualité est intrinsèquement liée aux communautés qui sont marginalisées, qui ont peut-être une homophobie intériorisée, une honte, commence-t-il pour planter le décor. La drogue permet d’enlever la honte, les tabous, le sentiment de rejet, et d'explorer une sexualité qui nous paraît très débridée, très libre.
Le problème, c’est que dès ses premières expériences, Éric a rapidement développé une dépendance pour le crystal meth, une drogue populaire chez les adeptes de chemsex, qui lui a procuré un sentiment de toute-puissance.
J'avais l'impression d'être l'amant que j'avais toujours rêvé d'être, raconte-t-il. J'avais plein de partenaires, de la sexualité pendant des heures et des heures. Ce n'est pas du tout normal, mais c’est enivrant.
Sauf que les moments de grâce étaient suivis par des épisodes beaucoup plus sombres.
« Je n'ai pas choisi d'arrêter, j'ai pas eu le choix, je ne serais probablement pas là aujourd'hui si je n'avais pas arrêté. »
Les effets secondaires de la drogue ont affecté sa santé physique et mentale. Il a complètement perdu le fil de sa vie sociale et de ses projets. À de nombreuses reprises, il a tenté par ses propres moyens de rompre la dépendance, mais avec peu de résultats.
Conscient qu’il ne pourrait pas s’en sortir tout seul, Éric a fini par trouver le courage de dépasser la honte pour oser en parler et se faire aider. Il lui aura fallu neuf ans pour tourner la page.
D'autres, comme André, ont appris dans la douleur à se modérer avec le temps. Il a découvert le chemsex à 51 ans et il lui a fallu près de 10 ans pour arriver à un certain contrôle.