La deuxième vie qui commence lorsque la politique s’arrête
Radio-Canada
Lundi 22 novembre à Sherbrooke, les membres du nouveau conseil municipal sont animés d’une grande fébrilité alors qu’ils se préparent à siéger. Pendant qu’ils sont réunis en comité plénier, Nicole Bergeron respire le grand air en déambulant au Marché de la gare. Pour la première fois en une vingtaine d’années, son lundi lui appartient. « J’ai manqué beaucoup de couchers de soleil dans ma vie parce que les rencontres se faisaient souvent le soir. Ce que je me promets de faire, c’est d’être plus souvent active et à l’extérieur. »
Nicole Bergeron, tout comme Chantal L’Espérance, ont tiré cette année un trait sur leur carrière politique après respectivement 22 et 23 ans de services envers la population. Habitées par une certaine impression de vide, elles se sentent néanmoins prêtes à écrire une nouvelle page de leur vie.
Âgée de 63 ans, Nicole Bergeron a commencé sa carrière politique comme conseillère dans l’ancienne municipalité de Bromptonville. Au fil des ans, elle a occupé de nombreuses fonctions au sein de l’appareil municipal avant d’être, lors de son dernier mandat, présidente du comité exécutif.
Aujourd’hui, mon agenda est complètement libre. Le lundi, c’était la plus longue journée, souvent de 12 heures et plus [de travail]. [Ce matin] je me suis dit : "Aujourd’hui ça marque vraiment l’étape [de la retraite] d’une façon très formelle".
Même si elle a une pensée pour les élus en ce jour de conseil, on sent qu’elle est sereine face à la décision qu’elle a prise, il y a quatre ans. En 2017, c'était clair pour moi que ce serait mon dernier tour de piste. J’ai dit à mon conjoint : "C’est la dernière fois que tu poses des pancartes électorales".
« C'est sûr qu’il y a comme un pincement au cœur et de l’émotion [mais] c’était la bonne décision et je n’ai aucun regret. »
C’est en juin dernier que Chantal L’Espérance a pour sa part annoncé, d’abord à son mari qui était son directeur de campagne, qu’elle ne solliciterait pas un nouveau mandat au poste de conseillère du district du Lac-des-Nations. C’est un cadeau que je lui ai fait pour ses 75 ans à la fin du mois de mai dernier. Je lui ai dit : "Tu n’auras pas de campagne électorale à faire". Il était très content, lance-t-elle en riant.
Âgée de 67 ans, Chantal L’Espérance aurait eu 71 ans au terme d’un septième mandat consécutif. Le temps était venu de passer à autre chose, même si elle a encore visiblement la politique dans la peau. D’ailleurs, celle qui affiche la plus longue longévité à l’hôtel de ville pour une femme vit une période de sevrage politique. Oui, j’y ai pensé [que c’était jour de conseil]. Mais en même temps, je n’ai pas eu de lecture qui précède le conseil à faire en fin de semaine, dit-elle avec le sourire.
Être conseillère, c’est travailler sans compter les heures. La charge de travail peut être énorme, surtout lorsqu’on siège à plusieurs comités. C’est aussi être souvent absent de la maison, avec peu de temps à consacrer à la famille et aux amis.