L’invasion de l’Irak, une gaffe historique
Radio-Canada
Ils voulaient « punir » les auteurs supposés du 11 Septembre, exporter la démocratie dans le monde arabe, enclencher un « cercle vertueux » au Moyen-Orient, sur la voie de la paix et de la prospérité. Ils voulaient aussi « désarmer » un dictateur qu’ils prétendaient doté de la bombe atomique et d’autres armes de destruction massive.
Ils ont eu tout faux, ou presque, et obtenu l’exact contraire de l’effet escompté : le chaos pour des années en Irak, puis en Syrie voisine et au-delà; un carnage humain dans les six chiffres; un coup très dur pour le prestige des États-Unis et leur supposée capacité à dicter la suite des événements.
Ils ont ouvert la porte à l’influence de l’Iran, peut-être le vrai vainqueur géostratégique de la guerre d’Irak, jusqu’à ce jour du 20 mars 2023. Le vide politique et la montée au pouvoir des Chiites, consécutifs à l’invasion, auront permis à l'Iran chiite de s'immiscer dans les affaires politiques de l'Irak chiite pendant de nombreuses années. Jusqu'à récemment, c’était de facto Téhéran qui décidait de l’identité du premier ministre du pays.
Quant au contrôle étranger du secteur de l’énergie en Irak, en parallèle avec les compagnies nationalisées, il est aujourd’hui davantage chinois qu’américain. Voilà pour l’argument archi-rebattu qui répète qu’ils y sont allés pour le pétrole !
Devant de tels résultats, l’impérialisme en action… paraît rétrospectivement bien piteux.
Ils c’étaient les neocons (pour néo-conservateurs) qui entouraient George W. Bush, le président des États-Unis, un républicain et fils d’ancien président, élu fin 2000 dans la controverse.
Ces neocons, des personnages comme le vice-président Dick Cheney (parfois considéré comme le vrai patron de l’époque), le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld ou son adjoint Paul Wolfowitz étaient les héros (ou les vilains) des médias, l’incarnation de la mentalité du tassez-vous, je-sais-tout qui allait tout balayer sur son passage.
Entre-temps, il y avait eu le 11 Septembre, épouvantable traumatisme pour les Américains, dont l’origine immédiate était l’Afghanistan des talibans, terre d’accueil et d’installation du groupe Al-Qaïda (la Base) dont le chef Oussama ben Laden, Yéménite d’origine et Saoudien d’adoption, avait ourdi le célèbre complot des quatre avions détournés.
L’intervention de l’automne 2001 en Afghanistan ne suscite pas trop de critiques; en Occident elle est même applaudie. On y voit généralement – il y a des exceptions – une réplique moralement justifiée et correctement ciblée. Et ce, même si cette intervention va bientôt s’enliser dans une vaste entreprise multinationale, incertaine et coûteuse, soldée par la débandade américaine de l’été 2021 à Kaboul.