L’héritage humain et poétique de Robert Dickson
Radio-Canada
Le 19 mars marque l'anniversaire du décès de Robert Dickson, victime d'un cancer du cerveau à l'âge de 62 ans.
Son oeuvre littéraire unique et remarquable a inspiré de nombreux artistes de plusieurs générations. Mais c'est son héritage humain qui a transformé des vies. Nous sommes allés à la rencontre de certains parmi ceux et celles qui perçoivent encore l'héritage du poète dans leur quotidien.
Robert Dickson est né dans une famille unilingue anglophone à Erin, un petit village situé au sud d’Orangeville en Ontario.
Dès la fin de l’adolescence, son intérêt pour la langue et la culture française se manifeste. Certains disent que c’est l’amour pour une femme qui en fut le déclencheur. Ce qui est certain, c’est qu’après avoir étudié la littérature française à Toronto et à Québec, il obtient au début des années 70 un poste de professeur au Département d’études françaises et de traduction à l’Université Laurentienne de Sudbury.
Rapidement, il devient le mentor de ceux qui sont en train de créer ce qui fut appelé la culture du Nouvel-Ontario et qui a mené à la création des Éditions Prise de Parole, de la Nuit sur l’étang, du Théâtre et de la Galerie du Nouvel-Ontario ainsi que du groupe musical Cano. La formation a entre autres mis en musique le poème Au nord de notre vie dans lequel Robert Dickson évoque son amour pour le territoire ainsi que le courage et la résilience des citoyens du Nord.
Si bon nombre de ses premiers recueils de poésie transposent en mot sa fascination pour la beauté des paysages, des gens et de la musique, son oeuvre prend une tournure plus politique, angoissée et indignée dans ses derniers ouvrages. En 2002, son livre Humains paysages en temps de paix relative lui mérite un Prix du Gouverneur général.
La femme de théâtre Brigitte Haentjens, qui vient elle-même de recevoir un Prix du Gouverneur général, a côtoyé Robert Dickson pendant son séjour à Sudbury : « Il faisait partie de nos vies. Et c’était pareil pour ses poèmes qui empruntaient beaucoup à la vie quotidienne et au grand ciel bleu de Sudbury. Il laisse un héritage immense. La partie visible, ce sont ses livres. La partie invisible, c’est qu’il a donné aux autres [et à moi] l’envie d’écrire. C’était un lecteur extraordinaire. »
Alors jeune diplômé du conservatoire, le dramaturge Jean-Marc Dalpé a d’abord connu Robert Dickson comme éditeur. Sans le savoir, il venait de rencontrer une des amitiés les plus déterminantes de sa vie : « La relation fusionnelle que j’entretiens aujourd’hui encore avec Sudbury, ça passe beaucoup par ma rencontre avec Robert. Quand je suis arrivé là-bas, c’est lui qui m’a accueilli, présenté au monde et m’a présenté le Nord. »
« Tout ça, c’est la faute de Robert, son art, sa poésie, son amitié. C’est resté. »