Grandir dans une famille de laitiers
Radio-Canada
La conteuse Arleen Thibault est fille et arrière-petite-fille de laitiers. Habitée de nombreuses anecdotes et souvenirs avec son père, elle nous raconte les vérités et les mythes de ce métier presque disparu, dans un spectacle solo présenté au Palais Montcalm les 19 et 20 mai.
Pourquoi avoir fait un spectacle sur le métier de laitier?
Je suis une fille de laitier. Quand on dit ça, souvent ça fait rire parce-que c'est un peu le mythe du plombier, du facteur. Toute mon enfance, on nous a taquiné avec ça. Ce qui fait que comme conteuse, je me suis dit va falloir que je l'utilise ce mythe-là. Le spectacle me permet de rentrer dans l'histoire du métier. Ce n'est pas mon père que je raconte, je raconte un personnage de livreur de lait qui s'inspire de ce que mon père faisait et de ce que moi j'ai vu lorsque je l'accompagnais. Je me suis aussi inspirée d'une collecte de souvenirs de livreurs de lait que j'ai faite auprès de la population.
Comment exploites-tu le métier du laitier dans ton spectacle?
C’est un personnage de feelgood movie, le laitier. L’humour s’installe tout seul. Les images sont drôles faque je m’amuse et je les exploite. Il y a quelquechose de lumineux dans ce spectacle, il y a quelquechose qui fait du bien puis il y a quelquechose d’enracinant aussi dans des valeurs. Il y avait la livraison d’empathie, de l’écoute… Mon père rentrait dans la vie des gens et vice-versa. Pour lui aussi, c’était ses familles.
Qu’est-ce que la figure du laitier a pu [laisser] comme image dans la mémoire collective québécoise?
La figure du laitier, elle faisait partie du quotidien des gens parce-qu’il y a eu une époque où tout le monde avait son laitier. C’est venu des campagnes, les laitiers partaient à cheval pour livrer les petites bouteilles de verre. Tranquillement, le métier s’est transformé, c'est devenu une livraison à camion à partir des entrepôts avec les pintes de lait en carton. Ce mode de livraison (résidentiel) ne se fait plus pour le lait.
Fille de laitier, c’est inspiré des anecdotes de ton enfance. Est-ce des beaux souvenirs pour toi?
Moi, c'est des beaux moments avec mon père. C'est des beaux moments de complicité. Mon père c'est un joueur de tours faque j'ai des anecdotes de mon père dans ma tête. C'était drôle d'aller faire la run de lait, c'était plein d'émotions différentes puis moi ça m'a construit comme conteuse aussi de rentrer chez les gens. C'est devenu comme des personnages pour moi cette clientèle-là. C'est un peu comme mon village de conte. Ça m'a bercé dans un imaginaire collectif.