Feux de forêts : une étude quantifie l’apport des pétrolières et d’autres grands pollueurs
Radio-Canada
Alors que cette saison des feux pourrait devenir la pire de l'histoire de l'Alberta, une nouvelle étude établit un lien mesurable entre les émissions de carbone des principaux producteurs d’énergies fossiles et l’augmentation du nombre de brasiers au Canada et aux États-Unis.
L’étude (Nouvelle fenêtre) (en anglais), examinée par des pairs et publiée dans le journal scientifique Environmental Research Letters, conclut que les 88 plus importantes entreprises de production d’énergies fossiles et de ciment au monde sont responsables de 37 % de la surface forestière brûlée dans l’Ouest canadien et dans l’ouest des États-Unis entre 1986 et 2021.
Cela représente environ 80 000 kilomètres carrés de plus que ce qui aurait été consumé sans les émissions de ces industries, selon l'étude, soit une superficie supérieure à celle de l'Irlande.
Sans les émissions des 88 entreprises, les feux auraient brûlé une surface cumulative de 134 735 kilomètres carrés, écrivent les chercheurs, comparativement aux 214 000 kilomètres carrés observés.
Nous avons démontré que les émissions de ces entreprises ont considérablement augmenté la gravité des feux de forêt, dit Carly Phillips, coauteure de l’étude et chercheuse à l'Union of Concerned Scientists, une organisation américaine qui regroupe, entre autres, des scientifiques qui se penchent sur les problématiques environnementales.
Pour tirer cette conclusion, les chercheurs ont modélisé l’impact de la température moyenne mondiale (TMM) sur le déficit de pression de vapeur (DPV), qui mesure la différence entre le taux de vapeur d'eau dans l'atmosphère et son point de saturation.
Plus ce déficit est élevé, plus l'air ambiant aspire de l'eau contenue dans le sol et les plantes, les asséchant et créant des conditions plus propices aux incendies.
D'autres études ont préalablement démontré que le DPV est l'un des principaux facteurs permettant de faire le lien entre le changement climatique causé par l'activité humaine et l'intensification des feux de forêt.
Les chercheurs ont ensuite calculé la contribution des émissions de GES des 88 entreprises à l'augmentation de la température moyenne mondiale.