Face à de l’intolérance, une drag queen quitte la scène dans le Pontiac
Radio-Canada
Connu sous son nom de scène Maddie Longlegs, Matthew Thomas Armour quitte la scène drag dans le Pontiac. Se disant la cible de messages de haine sur les réseaux sociaux, il souhaite poursuivre sa carrière ailleurs qu’à Fort-Coulonge, dont il est originaire, mais il y organisera un ultime spectacle le 15 juillet prochain.
Des gens m’ont appelé The freak show, m’ont dit que j’étais un attention seeker parce que je parle des problèmes [que la communauté LGBTQ] vit en ce moment, explique Matthew Thomas Armour.
Ce dernier explique qu’il s’agit d’une décision mûrement réfléchie, nourrie depuis plusieurs semaines par les commentaires négatifs qui pullulent sur les médias sociaux. Il cite aussi les différents événements de drag contrecarrés dans les derniers mois par des manifestants, dans la région comme ce fut le cas en février dernier à Ottawa, ou ailleurs au Québec.
En tant qu'organisateur d'événement de drag show dans le Pontiac, pour ma sécurité et aussi pour ma santé mentale, je ne peux plus donner à une communauté qui n’apprécie pas ce que je lui apporte, ajoute Matthew Thomas Armour.
Devenu drag queen en mars 2022, premier artiste du genre dans le Pontiac, Matthew Thomas Armour tenait en décembre dernier un discours optimiste, marqué par des projets et la volonté de continuer à pousser les barrières.
Six mois plus tard, l’inquiétude pour sa sécurité et celle des autres drag met un bémol à son enthousiasme. Ça m'inquiète [énormément], reconnaît-il, donnant l’exemple des précautions prises par l’une de ses amies de ne plus annoncer sur les réseaux sociaux dans quels lieux ou école elle se rend, afin de ne pas provoquer de manifestation.
Matthew Thomas Armour attribue ce climat délétère à ce qui se passe en ce moment aux États-Unis, citant des lois hostiles à la communauté trans mais aussi aux drag queens, un phénomène amplifié par les médias sociaux, selon lui.
Porte-parole de Fierté Pontiac, Michèle Gagnon constate également un recul et un renforcement du sentiment anti-LGBTQ.
« L’intimidation, la transphobie particulièrement, c’est un phénomène qui se passe partout. On le voit dans nos communautés voisines, en Ontario. On est très proche de Pembroke et Renfrew. Leurs célébrations de fierté ont reçu aussi beaucoup de protestation dans la communauté. Ce n’était pas pareil l’année passée. »