Des travailleuses du sexe contre le retrait de permis d’escortes et de massages
Radio-Canada
La Ville de Winnipeg votera la semaine prochaine sur l'arrêt de l'octroi de permis aux commerces pour adultes, une mesure demandée par les défenseurs de victimes du trafic d'êtres humains. Mais des travailleuses du sexe qui s’opposent à la mesure s'inquiètent de ses conséquences néfastes.
Un rapport présenté mercredi devant le comité exécutif recommande à la Ville d'abroger les permis accordés aux commerces destinés aux adultes, notamment les agences d'escorte et les praticiens de massage.
À l'heure actuelle, 31 permis ont été accordés à différentes entreprises à Winnipeg, ce qui rapporte 23 058 $ par an. Si le conseil municipal adoptait le rapport, Winnipeg ne recevrait plus d'argent provenant des droits de permis.
Ces entreprises mènent à d'horribles abus envers les femmes et les filles, a expliqué Joy Smith au comité. Cette défenseure de longue date de victimes du trafic d’êtres humains a qualifié le rapport de changement de cap.
« Il est temps de prendre position et de dire qu’à Winnipeg, nous ne permettrons pas que nos enfants soient victimisés, achetés et vendus. »
Le rapport recommande d'abroger les permis mais ne mentionne pas la fermeture des entreprises. Mais certaines personnes qui ont fait le choix de travailler dans l'industrie du sexe affirment que le retrait de permis est une pente glissante qui pousse les travailleuses du sexe à se réfugier dans la clandestinité, dans des situations plus dangereuses.
Nous sommes simplement inquiets pour notre sécurité s’il n’y a plus de surveillance, partage une travailleuse du sexe de Winnipeg âgée de 30 ans, connue sous le pseudonyme d'Emma. Elle est membre de la Coalition d'action des travailleurs du sexe de Winnipeg.
Retirer les permis, finalement c’est fermer un environnement de travail sécuritaire. C’est vraiment effrayant et je ne suis pas sûr de la direction que cela va prendre, mais nous avons vu cela ailleurs… cela n'aide personne.
Emma pense qu’un nombre insuffisant de travailleuses du sexe ont été consultées lors de l'élaboration du rapport. Elle espère que les conseillers municipaux pourront faire la différence entre ceux qui choisissent de travailler dans ce milieu et ceux qui sont exploités.