Des scientifiques rejettent l’appellation « pétrole à faible émission de carbone »
Radio-Canada
Des scientifiques affirment qu'il n'existe pas de pétrole à « faible émission de carbone », quoi qu'en dise le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador, qui soutient que ce pétrole existe, au large de l'île.
Le gouvernement provincial affirme depuis longtemps que son pétrole extracôtier à faible émission de carbone fera partie de la transition mondiale pour rompre avec les combustibles fossiles.
La ministre des Finances, Siobhan Coady, a utilisé le terme la semaine dernière lorsqu'elle a présenté son budget, qui prévoyait plus de 60 millions $ pour étendre l'exploration pétrolière au large des côtes de l'île.
Mais des climatologues de tout le pays soutiennent que cette appellation est trompeuse, voire absurde.
Selon Damon Matthews, professeur de sciences du climat à l'Université Concordia, cette appellation constitue en soi une impropriété. C'est un oxymore et un abus de langage.
L'affirmation du gouvernement est basée sur les émissions de gaz à effet de serre qui sont produites lorsque le pétrole est extrait du sol.
Le professeur Matthews admet que moins d'émissions sont produites lorsque le pétrole est extrait des quatre champs pétrolifères extracôtiers de Terre-Neuve, comparativement au pétrole extrait des sables bitumineux de l'Alberta.
Mais il rappelle que les émissions lors de l'extraction ne représentent qu'un faible pourcentage de l'empreinte carbone de ce pétrole : c'est sa combustion qui pèse lourd dans le changement climatique, dit-il.
Ainsi, le pétrole du champ pétrolifère Hibernia, au large de Saint-Jean, produit un total de 487 kilos de dioxyde de carbone par baril de brut, selon un projet d'« indice pétrole-climat » du Carnegie Endowment for International Peace, un groupe de réflexion basé à Washington.