Des réfugiés syriens vivent dans la peur au Liban… en attendant Québec
Radio-Canada
C’est avec la peur au ventre que vivent des milliers de réfugiés syriens au Liban, où les autorités mènent une vaste campagne de déportation depuis deux mois. Parmi ces réfugiés, une soixantaine font l’objet d’un parrainage collectif au Québec et attendent le traitement de leur dossier depuis plus d’un an.
Le modus operandi est quasiment le même depuis avril au Liban : des militaires débarquent en pleine nuit chez des réfugiés syriens, ils perquisitionnent les lieux et inspectent la validité de leur permis de séjour. S’ils sont périmés, les réfugiés sont arrêtés, conduits vers la frontière et remis aux autorités syriennes.
À partir de là, leur sort n'est pas toujours connu.
Des organisations pour la défense des droits de la personne, dont Human Rights Watch et Amnistie internationale, ont recensé de nombreux cas de détention arbitraire, de persécution et de torture de réfugiés syriens dès leur retour dans leur pays, ravagé par plus de 12 ans de guerre.
Déclenché en mars 2011, le conflit en Syrie a fait près d'un demi-million de morts, dont plus de 160 000 civils. Environ la moitié de ces civils ont été tués sous la torture en prison, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Et près de la moitié des Syriens sont désormais des réfugiés ou des déplacés.
Plongé depuis 2019 dans la plus grave crise financière de son histoire, le Liban accueille près de deux millions de réfugiés syriens, soit environ le tiers de la population libanaise. Près de 830 000 de ces réfugiés sont enregistrés auprès des Nations unies. Le tout représente un lourd fardeau socio-économique pour ce petit pays, où 80 % de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté.
Impossible de connaître le nombre exact de réfugiés syriens qui ont été déportés du Liban depuis avril, mais l’ONG libano-française Centre d’accès pour les droits humains (ACHR) parle de plus de 800 réfugiés arrêtés, dont 700 ont été rapatriés vers la Syrie en un mois.
Les autorités libanaises affirment ne viser que les réfugiés en situation irrégulière, mais l'agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) rapporte que des réfugiés dont les papiers sont en règle ont également été déportés vers la Syrie.
Aujourd’hui, les combats ont quasiment cessé en Syrie, mais l'ONU affirmait en mars que les conditions actuelles ne sont pas propices au retour des réfugiés, au vu des violations récurrentes constatées dans le pays. Et jeudi dernier, l'Union européenne a affirmé qu'elle ne soutiendra pas le retour des Syriens dans leur pays que s'ils sont volontaires, sûrs et surveillés par des groupes internationaux.