Dans la prairie de Sumas, la nature reprend ses droits
Radio-Canada
En Colombie-Britannique, la prairie de Sumas inondée est au bord de la catastrophe : la station de pompage qui la draine risque de lâcher ou d'être fermée à tout moment. Cette situation aurait-elle été préparée par ceux qui ont vidé le lac Sumas pour en faire des terres agricoles en 1923?
Depuis l'alerte donnée mardi soir, plus de 600 personnes ont dû évacuer la plaine Sumas, situées à l'est de la ville d'Abbotsford, à environ 80 km de Vancouver. Au coeur du problème : la station de pompage de Barrowton.
Même à plein régime, elle ne suffit plus pour drainer la prairie inondée, après les pluies torrentielles reçues dans le sud de la province. L’arrêt de ses activités mènerait à une situation jugée catastrophique par les autorités locales.
Mais trop souvent, on oublie que cette zone agricole habitée est censée être recouverte d’eau, soutient Chad Reimer.
L’historien a consacré un livre à l'histoire oubliée du lac Sumas : une étendue d’eau drainée par l’homme dans les années 1920, et qui semble aujourd’hui vouloir reprendre ses droits.
« Dans la conscience du public, le lac Sumas, c’est juste une antiquité ou une photo d’archive. Mais il ne voit pas ce qu’il y a juste devant lui. »
Il ne voit pas ces pompes massives qui gardent l’eau en dehors de ce territoire et ces canaux massifs qui la détournent. Le lac n'a pas disparu, dans le sens où les conditions environnementales qui l’ont créé sont toujours présentes. Si les infrastructures lâchent, il reviendra, lance-t-il.
C’est d’ailleurs en partie pour réduire les risques d’inondation que le lac a été asséché. À l’époque déjà, il s’étendait jusqu'à deux fois sa taille à la fonte des neiges, ce qui posait problème aux fermiers, explique Chad Reimer.
Les fermiers considéraient que ces terres n'étaient pas utilisables pour l’agriculture, mais en même temps, le secteur n’était pas assez profond pour accueillir toute l’eau au moment des crues, explique Chad Reimer.