Caroline Côté peut enfin récupérer
Radio-Canada
Le territoire chilien fait le plus grand bien à l’aventurière Caroline Côté, qui s’y est posée le temps de refaire le plein après une éprouvante épopée au cours de laquelle elle a atteint le pôle Sud en solitaire, sans assistance, en un temps record.
Chaque kilomètre parcouru a laissé des traces, et la Québécoise tente de retrouver un semblant de normalité après son périple de 1130 kilomètres en 33 jours 2 heures et 55 minutes, entre Hercules Inlet et le pôle Sud, en Antarctique.
Je pense que je suis dans un moment de fatigue extrême, mais tranquillement ça va mieux, explique celle qui a abaissé de plus de quatre jours la précédente marque détenue par la Suédoise Johanna Davidson depuis décembre 2016. Je mange beaucoup en ce moment pour rattraper les calories que j'ai perdues sur cette aventure-là. On dirait que mon corps a été frappé par un camion. [...] J'ai besoin de me reposer en ce moment.
Ces prouesses ont été applaudies par une pionnière, la Britannique Hannah McKeand, une des premières à tenter ce tracé qu'elle a elle-même bouclé, en 2006, en un peu plus de 39 jours. Celle qui agit aujourd’hui comme directrice générale de la station de recherche Amundsen-Scott, située en Antarctique, n’a pu retenir ses larmes en voyant Côté compléter son exploit.
Elle était là, elle pleurait. Ç’a été un moment incroyable pour moi parce que je sentais que ce n’était pas ma place encore, a confié la femme de 36 ans. J'ai essayé de faire ce défi-là, et de me rendre jusqu'au bout. Seulement de le faire, c'était un grand défi pour moi et là de battre le record, c'est incroyable.
[Hannah McKeand] était heureuse, elle était avec moi, et c'est la communauté des femmes d'aventure en général avec qui j'aime collaborer. J'aime relever ce genre de défi parce que je pense que ça confirme que toutes les femmes peuvent accomplir de grandes choses. C'était vraiment formidable comme moment.
Une présence importante, aux côtés de son conjoint Vincent Colliard, qui l’a épaulé tout au long de cette aventure qui lui a demandé de puiser dans ses économies pour la mener à terme. Et même si elle savait que le parcours s’annonçait difficile, en raison du froid cinglant et de la rareté d’oxygène en altitude, le menu frugal auquel elle a dû s’astreindre lui a aussi fait la vie dure. Le guide Michelin peut ranger ses étoiles.
Malgré tous les préparatifs, les athlètes ne peuvent échapper au déficit calorique qui met leurs corps à rude épreuve. Depuis son retour sur le continent américain, Caroline Côté retrouve enfin les plaisirs de la table.
En ce moment, j'essaie de manger des aliments frais parce que pendant un mois, j'ai seulement mangé des repas lyophilisés ou déshydratés, donc c'est bon de revenir au Chili, a elle expliqué la Longueuilloise avec bonheur. En expédition, la quantité de nourriture qu'on ingère est immense, justement pour emmagasiner de l'énergie, avec entre autres beaucoup de gras. On mange beaucoup de beurre. À la fin, les températures moyennes de -30 degrés Celsius pendant une semaine m'ont vraiment affectée.