10 ans de la Charte des valeurs québécoises: Drainville n’a aucun regret
Le Journal de Montréal
Dix ans après avoir plongé le Québec dans un débat émotif sur les signes religieux avec sa Charte des valeurs québécoises, Bernard Drainville n’a «aucun regret» de cette époque tumultueuse. Il estime avoir préparé le terrain pour l’adoption de la loi 21 sur la laïcité.
Tous les jours, le politicien et sa charte faisaient l’objet d’articles, de chroniques et de caricatures.
«Ça n’arrêtait jamais, lâche-t-il en entrevue, les yeux clos pour se remémorer. Il y en avait tellement que ma blonde cachait les journaux aux enfants, c’était juste trop intense, leur père avait toujours sa face dans le journal.»
Les gamins, ils ne choisissent pas de faire de la politique, mais la subissent. «À l’école, ils se faisaient écœurer», se souvient tristement celui qui était alors ministre des Institutions démocratiques du gouvernement Marois. Et la défunte Charte ne laissait personne indifférent.
Bernard Drainville se rappelle quand sa fille Rosalie est intervenue en classe après une sortie vitriolique de sa prof d’ECR contre le projet porté par son père. Ou lorsqu’elle est revenue en pleurant à la maison et voulait déménager après avoir entendu un animateur de radio traiter son paternel de charognard, se souvient son attaché de presse de l’époque, Manuel Dionne.
Mais jamais Bernard Drainville n’a douté de son projet, persuadé qu’il fallait interdire les signes religieux non seulement chez les employés de la fonction publique et des tribunaux, mais également des CPE, des écoles et des hôpitaux.
Son bras droit se remémore la préparation titanesque pour affronter les journalistes lors du dévoilement du plan. Toutes les questions avaient été anticipées, sauf une... L’équipe n’avait pas prévu qu’on lui demande si on allait cesser d’offrir la Bible à l’assermentation au tribunal!