À Beyrouth, une réminiscence glaçante de la guerre civile
Le Journal de Montréal
BEYROUTH, Liban | Des morts et des blessés dans la rue, des francs-tireurs embusqués, des habitants terrés dans leurs appartements transpercés par les balles: la capitale libanaise Beyrouth a renoué jeudi avec les scènes de la guerre civile qu’elle pensait avoir oubliées.
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Tout a commencé avec une manifestation de centaines de partisans des mouvements musulmans chiites du Hezbollah et d’Amal devant le Palais de justice pour exiger le remplacement du juge Tareq Bitar, chargé de l’enquête sur l’explosion au port de Beyrouth il y a un an.
Brusquement, des tirs de snipers dont l’origine n’a pas été déterminée ont ciblé un groupe de manifestants, et des hommes armés, dont certains portaient des brassards d’Amal et du Hezbollah, présents sur place ont massivement riposté.
Très vite, les rues se sont remplies de partisans armés des deux partis chiites dans le quartier de Tayouné, tout près du secteur où avait éclaté la guerre civile le 13 avril 1975.
Des habitants de ce quartier résidentiel se sont retrouvés pris au piège, entre les tirs des snipers embusqués sur les toits des immeubles et les roquettes lancées par des hommes armés en pleine rue.
Sur les médias locaux, les résidents ont appelé à leur évacuation, alors que des parents se sont précipités sous les balles vers les écoles pour prendre leurs enfants. Tout comme pendant la guerre civile.
Mariam Daher, 44 ans, n’a pu retenir ses larmes en entendant les tirs et en voyant à la télévision un homme et une femme se cachant derrière une voiture à Tayouné.
« Je me suis souvenue comment, enfant, je me cachais dans le corridor de la maison » pendant la guerre, dit cette mère de deux enfants, « comment les hommes armés montaient sur le toit de mon immeuble pour tirer et embraser le quartier ».