Vaccination : le fossé se creuse rapidement entre les pays riches et les plus pauvres
Radio-Canada
Presque un an après le début de la vaccination contre la COVID-19 dans le monde, les experts constatent un écart important entre les pays riches, où on discute de l’administration d’une troisième dose, et les pays en développement, où pratiquement personne n’a encore été immunisé contre la maladie.
Dans une entrevue accordée à l'émission Midi Info, Agathe Demarais, directrice des prévisions mondiales à The Economist Intelligence Unit, explique que seule une fraction des sept milliards de doses de vaccin contre la COVID-19 administrées dans le monde depuis décembre 2020 l’ont été dans des pays pauvres.
Pendant qu’on discute de l’administration d’une troisième dose dans les pays développés, dans la plupart des pays en voie de développement, notamment en Afrique, une infime minorité de la population a pu avoir accès au vaccin.
Selon les résultats d’une vaste étude publiée par l’organisme basé à Londres, la majorité des pays en voie de développement n’auront pas réussi à vacciner 60 à 70 % de leur population avant 2023, et ce, dans le meilleur des cas.
Quand sur notre carte un pays est dans la catégorie "pas avant 2023", cela veut dire dans beaucoup de cas que l’on estime que la vaccination n’aura pas lieu à grande échelle, déplore Mme Demarais.
Selon elle, les plus récents engagements de la communauté internationale visent à vacciner au plus 40 % de la population mondiale cette année, et il sera extrêmement difficile d’y parvenir dans les pays en développement, notamment en Afrique.
Il est totalement illusoire de penser que ces pays pourront atteindre une couverture vaccinale comme celle du Canada, qui est tout à fait impressionnante.
Il va sans dire que cet écart important entre les pays n’améliorera en rien le sort de ceux qui n’auront pas bénéficié d’une vaccination de masse. Ce qui laisse penser à Mme Demarais que les conséquences de la pandémie vont durer beaucoup plus longtemps que la pandémie elle-même dans les pays qui ne seront pas adéquatement vaccinés.
Cela va poser évidemment un certain nombre de risques à long terme puisque cela va peser sur la reprise économique. Ça va peser sur le tourisme; des personnes vaccinées ne voudront peut-être pas visiter des pays en voie de développement non vaccinés, anticipe Agathe Demarais.