
Une mère attend le retour de son fils détenu en Syrie
Radio-Canada
Alors que la Cour fédérale a ordonné vendredi le rapatriement de quatre Canadiens détenus en Syrie, la mère de l’un d’entre eux se félicite de cette décision qu’elle attendait depuis des années.
Nous sommes ravis de cette nouvelle. On attend cette décision depuis très longtemps, réagit Sally Lane, la mère de Jack Letts emprisonné dans le nord-est de la Syrie depuis plus de cinq ans.
Mme Lane, qui vit à Ottawa, explique que son fils est parti en Syrie en 2014 lorsqu’il avait 18 ans. À l’époque, il était très naïf, dit-elle. Il venait de se convertir à l'Islam. Il voulait prendre sa part dans le printemps arabe. Il voulait aider les victimes du régime de Bachar Al-Assad et il a pris l’avion, se souvient-elle.
Son fils Jack est accusé par les autorités locales d'appartenir à l’État islamique. Un allégeance qu'il a lui-même avoué dans un média britannique, mais que sa mère ne croit pas. L'interview a été faite depuis la prison. Elle est le fruit de la torture, [...] il l'a dit à cause de la pression qui pesait sur lui, assure Mme Lane.
Son avocate, Barbara Jackman, qui est spécialisée en droits humains, affirme également qu'il n'y a aucune preuve que Jack – ou tout autre Canadien détenu – ait combattu pour le groupe terroriste. Aucun d'entre eux n'a été jugé. Ils sont en détention arbitraire depuis cinq ans sans qu'aucune mesure légale n'ait été prise. Si le Canada a des accusations contre eux, il peut les accuser lorsqu'ils seront rentrés chez eux.
Cependant, l'ancien diplomate américain Peter Galbraith, qui a déjà aidé une Canadienne et sa fille à échapper à un camp de détention dirigé par des Kurdes en Syrie, souligne que les forces locales veulent s'assurer que les détenus soient bel et bien jugés.
Les Kurdes syriens veulent la justice. Aujourd'hui, ces hommes sont accusés d'avoir participé à une organisation qui s'est livrée à des massacres. Des milliers de filles yézidies réduites en esclavage ont été victimes d'horribles tortures et de viol. Donc les Kurdes syriens veulent être sûrs qu'ils feront face au même genre de justice au Canada qu'ils auraient eu à faire face en Syrie, et c'est loin d'être évident.
L'avocate Barbara Jackman reste toutefois positive et ne croit pas que les quatre hommes ne soient pas rapatriés. Les Kurdes suivent ce qui se passe dans les autres pays [qui] ont plaidé pour le rapatriement de ces prisonniers. Non seulement au Canada mais dans d'autres pays.
De son côté, Affaires mondiales Canada dit qu'il révise la décision de la Cour fédérale et qu’il fournira davantage de commentaires en temps voulu.
