
Une autre année inhabituelle pour les baleines dans le Saint-Laurent
Radio-Canada
Les baleines se font plus rares cet été dans les eaux du Saint-Laurent, au grand dam des touristes. Plusieurs acteurs du milieu scientifique assurent toutefois qu’il est trop tôt pour s’inquiéter, que ce soit pour la saison touristique ou pour la vitalité des grands mammifères marins.
La saison d'observation des baleines a pourtant commencé hâtivement cette année, avec des spécimens observés dès le mois d'avril. Or, la présence des cétacés s’est résorbée depuis, selon Robert Michaud, directeur du groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM). Depuis les premières observations, très peu d’animaux, concède-t-il.
Depuis 1979, Richard Sears dirige la Station de recherche des Îles Mingan, qu’il a lui-même fondée, et où il mène des recherches à long terme sur les cétacés du golfe. Selon lui, il faut faire preuve de patience. C’est vrai qu’il n’y a pas eu beaucoup d’animaux dans l’estuaire, dit-il, mais c’est le moment où les animaux commencent à arriver en plus grand nombre.
On va mieux être en mesure d’évaluer la saison quand on pourra en faire un bilan final, plaide Anthony Ansen, gestionnaire de la conservation des ressources pour Parc Canada au Parc marin du Saguenay–Saint-Laurent.
Robert Michaud ne s'inquiète pas de la présence timide de baleines dans le Saint-Laurent. Depuis plusieurs années déjà, le voyage des baleines dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent est détraqué et imprévisible.
Ça fait 35 années que j’observe les baleines dans le parc marin et dans les 20 premières, le système avait une grande prévisibilité, remarque M. Michaud. Mais depuis au moins 2010, on n’a pas une année qui se ressemble. Cet été, par exemple, le fleuve Saint-Laurent reçoit très peu de rorquals communs, mais beaucoup de rorquals à bosse, dont le comportement est toutefois inhabituel.
Le séjour des rorquals à bosse est quand même plus court, note Anthony Ansen. M. Michaud, lui, explique que comparativement aux années passées, quand ils viennent, les rorquals à bosse bougent partout, faisant référence notamment à l’observation de spécimens dans le Saguenay et jusqu’à Cap-à-l’Aigle.
« On se demande tous qu’est-ce qu'il se passe. Qu'est-ce qu'ils cherchent? »
Ce qu’il faut comprendre, selon M. Michaud, c’est que les cétacés, comme beaucoup d’autres animaux, sont bien plus sensibles aux changements climatiques que les humains le sont. Nous, on commence à goûter à cette médecine-là, mais les animaux, dont 100 % des activités dépendent d’un ajustement fin à l’environnement, eux répondent abruptement à ces changements-là.
