Un vaccin à l’essai aux États-Unis pour contrer la crise des opioïdes
Radio-Canada
Des chercheurs aux États-Unis ont lancé le premier essai clinique de vaccin contre les opioïdes, alors que le taux de mortalité due aux surdoses s’élève année après année au Canada et que les traitements pour soigner la toxicomanie sont peu nombreux.
Le vaccin peut servir de filet de sécurité, explique Sandra Comer, professeure en neurobiologie à l'Université Columbia de New York. L’espoir est que celui-ci fonctionne sur une plus longue durée que d’autres traitements comme la méthadone, où après environ six mois, 50 % des patients abandonnent, ajoute-t-elle.
L'idée d’une vaccination pour traiter la dépendance aux drogues a fait ses débuts à la fin des années 70.
Des scientifiques ont démontré que des primates non humains pouvaient être vaccinés contre l'héroïne, explique Marco Pravetoni, professeur de psychiatrie à la faculté de médecine de l'Université de Washington à Seattle.
Depuis, plusieurs groupes de chercheurs se penchent sur différents vaccins. L’équipe de Marco Pravetoni et Sandra Comer se concentre sur l’oxycodone, ou Oxycontin, un opioïde puissant.
Au Canada, aucune utilisation d’un vaccin contre les dépendances n'est approuvée. Le ministère de la Santé mentale et des Dépendances de la Colombie-Britannique a répondu par courriel qu'il surveillait les recherches à ce sujet effectuées aux États-Unis et dans le monde.
Nous n'avons pas de système de soins fonctionnel pour le traitement de la toxicomanie, déplore Cheyenne Johnson, la directrice générale du Centre de consommation des substances de la Colombie-Britannique (BC Centre on Substance Use). Nous ne disposons que de peu de médicaments pour traiter la dépendance, estime-t-elle.
« L'étude des vaccins pour traiter la dépendance et soutenir le rétablissement à long terme est une pièce du puzzle où la science est nouvelle, mais qui semble très prometteuse. »
Comme pour un virus, le vaccin permet au corps de générer des anticorps, cette fois dirigés contre une drogue spécifique. Si la personne consomme de l'oxycodone après avoir reçu le vaccin, l'anticorps se liera à la structure chimique de l'oxycodone et l'empêchera de pénétrer dans le cerveau, explique la neurobiologiste.
