Un spécialiste du caribou choqué par les doutes émis sur les données scientifiques
Radio-Canada
Les conclusions de deux rencontres tenues vendredi et lundi sur les impacts régionaux du futur plan de protection du caribou forestier, où les acteurs de l’industrie forestière ont convoqué des élus du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord, ont choqué un expert en la matière, Martin-Hugues St-Laurent, professeur en écologie animale de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR).
Lors de la rencontre de vendredi, plus de maires étaient présents, dont certains de la Côte-Nord. Lundi, les députés régionaux de la Coalition avenir Québec (CAQ) étaient convoqués.
Le nouveau plan doit être déposé en juin par le ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), Benoit Charette. Il se basera sur les recommandations contenues dans le rapport déposé en août par la Commission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards.
C’est le rejet du consensus scientifique sur les causes du déclin du caribou au Canada et au Québec qui a frisé les oreilles du chercheur. Les acteurs du milieu forestier estiment que c’est le réchauffement climatique qui est à l’origine des impacts sur l’espèce et que l’industrie a été la cible dans ce dossier.
Je crois que ça fait partie d’une stratégie qu’on a pu voir dans plusieurs dossiers par le passé un peu partout en Amérique. On fait du déni des évidences scientifiques, on a vu ça avec les changements climatiques, avec les impacts nocifs du tabac et maintenant on voit ça dans le dossier du caribou. Ç'a même déjà été documenté par un chercheur de l’Ontario, cette fabrication de l’incertitude par plusieurs regroupements d’élus ou d’industriels, explique Martin-Hugues St-Laurent à l'émission C'est jamais pareil.
Les études menées au Québec et partout au pays démontrent que les activités de coupe forestière seraient les principales raisons pouvant expliquer le déclin du cervidé.
Le déclin du caribou est majoritairement, voire exclusivement, par endroit, l’objet d'aménagement du territoire de la foresterie et du réseau de chemins. C’est bien connu et bien documenté par plusieurs centaines d’études scientifiques publiées dans les meilleurs journaux scientifiques au monde, soutient-il.
M. Saint-Laurent se dit également déçu qu’aucun expert sur l’espèce n'ait été invité lors de cette rencontre. Il rappelle aux élus que les groupes de recherche scientifique, comme ceux chargés d’analyser l’état du caribou, sont financés par le public et sont les meilleures sources d’informations.
Nous avons, avec nos partenaires, la capacité d'appuyer la prise de position. Nous analysons le caribou depuis 15 ans. Les décideurs se suivent et changent. Nous avons une main tendue vers eux s’ils ont des questions. Mme Andrée Laforest a sauté dans le débat avec des interventions malheureuses et un peu mal informées. Elle a apporté des informations qui maintiennent la confusion au sein du public, notamment avec son doute concernant les inventaires de caribou ou son intérêt de consulter l’observatoire de l’UQAC pour valider certaines choses, alors qu’il n’y a aucun spécialiste du caribou à l’UQAC, déplore Martin-Hugues St-Laurent.