Un risque excessif de cancer à Rouyn-Noranda, même en imposant la norme
Radio-Canada
Les citoyens qui réclament l'imposition des normes québécoises sur l'arsenic et d'autres métaux à Rouyn-Noranda vont être déçus. La recommandation que fera le directeur national de santé publique, Luc Boileau, mercredi, ne suffira pas pour garantir aux voisins de la Fonderie Horne le même niveau de risque que les autres Québécois.
Un calcul réalisé par Radio-Canada avec des experts en santé publique révèle que même en respectant les normes, le risque de cancer du poumon sera au moins 50 fois plus élevé que le risque considéré comme négligeable au Québec, soit un cas de cancer en excès sur un million de personnes exposées durant leur vie.
La professeure à l'École de santé publique de l'Université de Montréal, Maryse Bouchard explique que la situation de la Fonderie Horne est assez unique, il n'y a pas beaucoup de cas comme ça au Québec et au Canada où une multitude de contaminants sont émis.
« C'est un cas de figure qui n'a pas vraiment été prévu quand on a élaboré les normes, que des personnes soient exposées à la concentration maximale permise non pas pour un, mais plusieurs polluants cancérigènes simultanément. »
La Fonderie Horne est le principal émetteur québécois d'arsenic (36 tonnes, l'an dernier), de nickel (10 tonnes) et de cadmium (811 kilos). Il s'agit de trois cancérigènes reconnus qui augmentent les risques de cancer du poumon.
Le Québec fixe une norme d'émission pour chacun d'entre eux. La plus connue est le 3 nanogrammes d'arsenic par mètre cube dans l'air (ng/m3). Chacune de ces normes est associée à un facteur de risque.
Les données montrent que le nombre excédentaire de cas de cancers directement attribuables à la surexposition aux métaux (arsenic, nickel, cadmium ) dépasse de loin ce qui est considéré acceptable, constate Maryse Bouchard.
Par ailleurs, le 6 juillet, à Rouyn-Noranda, l’Institut national de santé publique (INSPQ) évoquait l’hypothèse que les mélanges de substances pourraient avoir des effets multiplicatifs et pas seulement additifs.
Mardi, ni le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, ni le CISSS de l'Abitibi-Témiscamingue, ni l'INSPQ n'ont répondu à nos questions à ce sujet.