Un rare rayon de soleil
Radio-Canada
Un pianiste, Serhiy Salov, et une violoncelliste, Katia Brahina, dans une interprétation toute personnelle de la chanson Imagine, de John Lennon, ont probablement donné leurs plus grands frissons à la foule pendant ce choc entre les 31e et 32e équipes de la ligue, samedi soir, au Centre Bell.
Les deux Ukrainiens ont rendu hommage à leurs compatriotes qui souffrent actuellement des horreurs de la guerre en Europe. Et pendant que les musiciens soulignaient la tristesse de la grande Histoire qui s’écrit, Joel Edmundson, de son côté, passait à travers son propre deuil.
Le grand défenseur était de retour en action pour la première fois depuis la finale de la Coupe Stanley en juillet dernier. Entretemps, outre cette blessure au dos qui l’a tenu à l’écart si longtemps, Edmundson a perdu son père en janvier.
Le Manitobain a vécu une année en montagnes russes, a-t-il avoué, mais a pourtant gardé le moral tout du long si l’on en croit ses coéquipiers. Décrit comme un véritable leader par bon nombre, le numéro 44 a un ascendant dans ce vestiaire. Samedi soir, on a pu s’entretenir avec le principal intéressé pour la première fois de la saison.
J’essayais juste de garder une attitude positive en venant à l’aréna tous les jours. Si tu t’apitoies sur ton sort, ça fait te draine toute ton énergie. Une fois sur la glace, j’essayais juste de travailler aussi fort que possible pour retrouver le rythme. Les gars avaient déjà une cinquantaine de parties de jouées. Ça a été difficile, a-t-il expliqué.
Sauf que face au Kraken, dans cette défaite de 4-3 du Canadien en tirs de barrage, l’aura de son père, Bob, grand partisan du Canadien, planait dans l’amphithéâtre.
C’était une journée forte en émotions, a admis Edmundson.
« J’y pense tous les jours. J’espérais marquer pour lui ce soir. Le prochain sera pour lui, c’est clair. Il est là, à me regarder de là-haut. Il sera avec moi le reste de ma carrière, le reste de ma vie. »
Toutes ces histoires, petites et grandes, étaient du genre à vous faire oublier ce match de hockey plutôt quelconque. Un match où le CH a saboté ses six supériorités numériques, où il y eut deux buts marqués contre son camp, où Michael Pezzetta a été ovationné avant de s’élancer en fusillade (oui, oui), où Artturi Lehkonen est redevenu lui-même en ratant ses quatre chances de marquer malgré les 4 min 27 s obtenues en avantage et où, ultimement, le Kraken s’est légèrement distancé du Tricolore dans cette course à la médiocrité.