Un nouveau film de Hayao Miyazaki attendu en 2023
Radio-Canada
Il y a trois ans, on annonçait discrètement que le plus grand cinéaste d’animation de notre époque, Hayao Miyazaki, travaillait depuis 2016 sur un nouveau long métrage. Depuis ce temps, les informations concernant cette œuvre extrêmement attendue défilent au compte-gouttes. Des rumeurs laissent même entendre que le film s’est finalement avéré trop ambitieux pour le maître japonais de 80 ans qui, depuis la sortie de Princesse Mononoké, en 1997, a pris l’habitude d’annoncer sa retraite, avant de changer de cap et de nous surprendre avec un nouveau bijou.
Dans un long article publié mardi dans le New York Times (Nouvelle fenêtre), on apprend que le réalisateur oscarisé de classiques tels Mon voisin Totoro ou Le voyage de Chihiro demeure assidu à la tâche. Miyazaki continue, lentement mais sûrement, d’adapter le roman philosophique Et vous, comment vivrez-vous?, de Genzaburô Yoshino. Le film, qui n’a toujours pas de titre, devrait être terminé en 2023.
La lenteur du processus créatif s’explique en deux temps. D'abord, Miyazaki continue de privilégier l’animation traditionnelle, en dessinant à la main. Une technique bien plus chronophage que la 3D, quasi omniprésente dans les productions Disney ou Pixar des deux dernières décennies.
Il y a aussi la question de l’âge avancé du cinéaste. On dit qu’il travaille dix fois plus lentement aujourd’hui que durant ses années les plus productives. Pour son nouveau film, il fournit environ une minute d’images en mouvement par mois.
Dans le papier du New York Times, Toshio Suzuki, producteur en chef du Studio Ghibli – qui a produit toutes les œuvres de Miyazaki depuis Le château dans le ciel (1986) –, décrit le nouveau long métrage comme de la fantasy à grande échelle. Il l'avait précédemment qualifié de lettre d’amour destinée au petit-fils du cinéaste de légende. Une façon de lui dire : "Grand-papa s’en va dans un autre monde, mais il laisse ce film derrière lui."
Publié en 1937, Et vous, comment vivrez-vous? a été interdit dans son pays natal pendant la Seconde Guerre mondiale, parce que jugé antipatriotique – une notion qui saura rassurer certains admirateurs et admiratrices du cinéaste japonais, qui avaient jugé son plus récent film, Le vent se lève (2013), comme trop militariste et même quelque peu chauvin.
Il s’agit d’un récit initiatique dans lequel un garçon surnommé Coper (en hommage à Nicolas Copernic, astronome polonais du XVe siècle qui décréta que la Terre tourne autour du Soleil, et non l’inverse) fait l'apprentissage de la pensée humaine à l’aide de son oncle, avec qui il entretient une relation épistolaire.
Le film de Miyazaki ne prendra pas la forme d’une adaptation classique, puisque le roman en question ne constitue pas nécessairement l’intrigue, mais y tient plutôt un rôle en soi, celui de figure sacrée pour le protagoniste. Toshio Suzuki affirme par ailleurs dans le New York Times que Miyazaki se reconnaît dans un de ses personnages, qui n’est pas humain.
En Occident, Hayao Miyazaki est souvent décrit comme le Walt Disney japonais, mais l’analogie n’est pas tout à fait exacte. Ses films misent moins sur la sentimentalité et le manichéisme que ceux qui sortent du studio aux grandes oreilles.