Un milieu humide détruit en catimini dans un parc industriel de Trois-Rivières
Radio-Canada
Au nord de l’autoroute 40, Trois-Rivières possède 26,6 hectares de terrains humides et de tourbières qu’une majorité d’élus municipaux souhaitent protéger. Toutefois, la Ville a pour projet d’en détruire une quinzaine d'hectares, avec l’autorisation du ministère de l’Environnement du Québec, pour agrandir le parc industriel Carrefour 40-55 qui aurait pour vocation d’accueillir des entreprises vertes.
Radio-Canada a appris qu’une partie d’un milieu humide a fait l’objet de travaux de remblai, sans permis de construction, à la fin de l’été et au cours de l’automne 2021. Plusieurs conseillers municipaux à qui nous avons appris la nouvelle se disent étonnés ou en colère.
En août août 2021, neuf conseillers municipaux sur 14 ont refusé que la Ville aille de l’avant avec des travaux de drainage sur le site visé par un certificat d’autorisation environnementale obtenu du ministère en 2014, avant la refonte de la loi qui encadre la destruction des milieux humides au Québec en 2018.
Le directeur de l’aménagement et du développement durable à la Ville de Trois-Rivières, Dominic Thibeault, confirme que des travaux ont eu lieu avant même l’émission du permis de construction qui a été demandé et délivré le 29 septembre 2021.
Ce sont des choses qui arrivent, on essaie évidemment d'éviter ça le plus possible, mais dans ce cas-là, effectivement, c'est quelque chose qui est arrivé, affirme Dominic Thibeault.
Les travaux qui ont nécessité le remblai d’un terrain humide permettront l’implantation d’une usine du fabricant de bornes électriques Elmec sur le boulevard Louis-Loranger.
Joint au téléphone, le propriétaire d’Elmec, Jean-Marc Pittet, insiste, il avait l’autorisation du ministère de l’Environnement pour aller de l’avant. Si le ministère de l’Environnement a décidé que ce terrain-là était construisable, c’est eux qui décident, affirme l’homme d'affaires qui soutient que le développement économique implique nécessairement la destruction de l’environnement.
« Il y a trois grenouilles, on s’en fout des trois grenouilles à un moment donné. »
Les employés, les ingénieurs qui travaillent avec moi, les salaires que je paye, ils vont [les utiliser pour] faire l’épicerie, lance M. Pittet qui préfère que ses produits soient fabriqués au Québec plutôt qu’ailleurs dans le monde.