
Un long voyage chez les Sarmates
Le Journal de Montréal
Deux ans après la sortie de La Fille de Vercingétorix, album dont l’intrigue se déroulait en grande partie à l’intérieur du célèbre village d’irréductibles Gaulois, Astérix et sa bande repartent à l’aventure vers des contrées lointaines dans Astérix et le Griffon, 39e tome de la série qui atterrit dans les présentoirs des librairies jeudi.
Le pays visité cette fois-ci par Astérix, Obélix, le druide Panoramix et le chien Idéfix n’existe pas vraiment. Il est situé dans une région froide et enneigée correspondant à l’actuelle Ukraine. C’est sur ce territoire occupé par un peuple nomade, les Sarmates, qu’Astérix et ses éternels complices devront se rendre pour tenter de trouver le griffon, une créature mythologique mi-aigle, mi-lion, nouvel objet de convoitise de Jules César.
Dans La Fille de Vercingétorix, leur album précédent, le scénariste Jean-Yves Ferri et le dessinateur Didier Conrad ont voulu faire changement en écrivant une histoire centrée autour d’un personnage d’adolescente et campée à l’intérieur du village. Dans Astérix et le Griffon, le tandem de créateurs renoue avec la tradition des grandes aventures dans des pays étrangers.
« On était en pleine pandémie [quand on a conçu l’album] et ç’a peut-être joué dans l’envie de s’aérer un petit peu, a expliqué Jean-Yves Ferri dans un entretien accordé mercredi au Journal par visioconférence.
« J’ai trouvé que c’était une idée marrante de les envoyer ailleurs que dans un vrai pays. C’est plutôt un territoire vierge. Le folklore est un peu emprunté aux pays slaves, mais c’est quand même un folklore inventé. »
Clins d’œil savoureux
La crise sanitaire a aussi évidemment teinté le contenu de ce 39e Astérix. L’album comprend quelques clins d’œil savoureux à des mots apparus pendant la pandémie, comme la distanciation, la chloroquine et le confinement.
« On en a mis un peu parce que ça aurait été bizarre de ne rien mettre, souligne Ferri. Mais on l’a fait de façon discrète. On trouvait cela amusant de parler des confins des Romains parce que c’est la vision inversée de la nôtre. Pour les Romains, les confins, c’est aller loin. Pour nous, se confiner, c’est plutôt s’enfermer. »
Ferri s’est aussi permis de lancer quelques flèches aux complotistes en créant un nouveau personnage de Romain, baptisé Fakenius, qui ne cesse d’élaborer des théories du complot : « Les Romains avaient des raisons de se poser des questions sur l’univers autour d’eux, mais le fait que ça continue aujourd’hui, c’est un peu inquiétant ! » lance le scénariste en riant.
