Un film sur le conflit nord-irlandais inspiré par le confinement
Radio-Canada
Tourné en pleine pandémie, Belfast, film favori des prochains Oscars, a été inspiré par un autre genre de confinement, celui vécu enfant par Kenneth Branagh lors du conflit en Irlande du Nord.
J'ai voulu serrer la main à cet enfant de 9 ans, et aussi tenter de comprendre ce que mes parents avaient traversé, a expliqué Kenneth Branagh en présentant à Los Angeles ce long métrage tout en noir et blanc, qui est sorti vendredi en salle.
Le tournage de Belfast a commencé en août 2020, avec des tests de dépistage de la COVID-19 quotidiens et une organisation quasi militaire pour permettre aux membres de l’équipe technique de préparer le plateau, sans interagir avec les autres équipes.
Durant cette pandémie, beaucoup de gens ont consenti à d'énormes sacrifices. Et je pense que c'était aussi le cas chez ces gens-là à cette époque des Troubles [conflit nord-irlandais], poursuit Kenneth Branagh. Le film vient de ce silence auquel beaucoup d'entre nous ont fait face au début du confinement, et qui m'a certainement renvoyé à cet autre confinement que nous avons subi lorsque les deux extrémités de notre rue étaient fermées par des barricades, souligne le réalisateur britannique.
L'acteur et réalisateur a déménagé en Angleterre avec sa famille à la fin des années 1960 pour échapper au conflit entre personnes de confession protestante et catholique qui embrasait l'Irlande du Nord.
Belfast s'ouvre sur une scène de violence de rue durant l'été 1969, lorsque des militantes et militants protestants attaquent des familles catholiques pour les chasser de ces rues où les deux communautés avaient si longtemps cohabité.
J'avais 16 ans en 1969, et je me souviens de l'excitation provoquée par cette explosion. Ce n'est que le lendemain que j'ai commencé à voir la menace que cela représentait, explique Ciarán Hinds, qui a grandi à Belfast comme de nombreux autres acteurs et actrices du film. Mon enfance, à l'époque, c'était le bruit de cette ville la nuit, et les explosions au loin qui se répercutaient sur les collines de Belfast, ou les coups de feu nocturnes, raconte-t-il.
Ces troubles allaient plomber cette province britannique pendant les 30 années à venir, dressant une communauté contre l'autre selon des lignes de fracture aussi religieuses que nationalistes. Le film a pour toile de fond ces violences et suit un jeune père (Jamie Dornan) qui quitte Belfast pour donner à sa famille un avenir plus radieux. Mais sa femme (Caitriona Balfe) et son jeune garçon, Buddy (Jude Hill), veulent rester dans le quartier où sont leurs racines et leurs proches.
Le film mêle humour et émotions, par exemple lors de scènes familiales, où s'illustrent Judi Dench et Ciarán Hinds, qui jouent les grands-parents de Buddy et qui ont été loués par la critique. Je pense que c'est lié au fait que nous ne sommes peut-être pas encore complètement solides sur nos pieds après ce que nous avons traversé durant la pandémie, estime Kenneth Branagh pour expliquer cet enthousiasme du public.