
Un ex-premier ministre haïtien sanctionné dit qu’Ottawa s’est « mal renseigné »
Radio-Canada
L'ancien premier ministre haïtien Laurent Lamothe, se disant « victime » d'être injustement sanctionné par le Canada qui le juge complice des gangs en Haïti, accuse Ottawa de se baser sur « des recherches Google » et de s'être « mal renseigné » avant de le cibler.
Je suis une victime de cette politique de ciblage. En réalité, c'est un ciblage politique visant à éliminer toute une classe de politiciens haïtiens pour favoriser une autre classe sous un prétexte fallacieux d'association avec des gangs, dit en entrevue celui qui a déposé, en décembre dernier, une demande de révision judiciaire.
Selon les dires de M. Lamothe, Affaires mondiales Canada l'a redirigé vers deux articles trouvés par une recherche Google après qu'il eut demandé quelles preuves le gouvernement avait démontrant qu'il a facilité l'activité des gangs criminels haïtiens. L'ex-premier ministre n'a pas voulu fournir une copie des articles mentionnés durant l'entretien, soutenant que son avocat lui avait déconseillé de le faire.
Ces deux articles ne citent même pas mon nom et ne m'impliquent dans rien du tout. Donc je me demande, jusqu'à présent, de quoi on m'accuse, affirme celui qui fait partie des 17 personnes sanctionnées par Ottawa face à la crise d'insécurité en Haïti.
La situation dans ce pays des Caraïbes a atteint un niveau critique au cours des derniers mois, les bandes armées semant la terreur, violant les femmes et bloquant l'accès de la population à des services essentiels.
En réponse à des questions envoyées par La Presse canadienne, Affaires mondiales Canada a déclaré par courriel que le gouvernement fédéral ne peut commenter le dossier de M. Lamothe puisqu'il fait l'objet d'un examen judiciaire. Le ministère n'a ainsi pas confirmé avoir fait parvenir deux articles à M. Lamothe pour justifier l'ajout de ce dernier sur la liste des personnes sanctionnées.
Le gouvernement […] détermine les circonstances les plus appropriées dans le cadre de notre législation sur les sanctions pour inscrire sur la liste des personnes ou des entités en fonction des actions sur le terrain et de la disponibilité d'informations crédibles, avait-on soutenu dans une déclaration écrite précédemment envoyée.
Affaires mondiales Canada a décliné une demande d'entrevue avec tout haut fonctionnaire spécialisé en sanctions.
En vertu de sa Loi sur les mesures économiques spéciales, le gouvernement de Justin Trudeau a mis en place des régimes de sanctions pour sévir contre des milliers des personnes, au cours des dernières années. Ces dispositions ont été utilisées pour cibler des personnes considérées comme responsables de la crise en Haïti, mais aussi de l'invasion russe de l'Ukraine et de la violation de droits de la personne en Iran.
