Un balado pour cartographier le rap québécois, de Saint-Michel à Limoilou
Radio-Canada
Le journaliste radio-canadien Olivier Arbour-Masse et le journaliste et animateur de radio Olivier Boisvert-Magnen, alias Riff Tabaracci, animent un nouveau balado disponible sur OHdio, intitulé D’où je viens : le rap d’ici. À travers une série de rencontres, ils y retracent l’histoire du rap québécois selon les lieux de la province où il a émergé.
Les deux mélomanes n’en sont pas à leur première incursion dans le rap de la Belle Province. En 2017, M. Arbour-Masse avait notamment réalisé un reportage pour Rad dans lequel il se demandait comment le rap était devenu la musique de l’heure chez les jeunes au Québec.
Riff Tabaracci, animateur de longue date au 89,3 CISM, a aussi été journaliste spécialisé en rap pour le défunt quotidien Voir. Les deux amis partaient donc avec un large éventail de contacts dans le milieu, ce qui a facilité leurs démarches pour le balado.
Leur nouveau balado se présente comme une espèce de cartographie du rap québécois. Comme c’est une musique qui est très territoriale, très liée au quartier d’où elle émerge, on s’est dit que ça pourrait être intéressant de faire l’histoire des scènes locales, résume Olivier Arbour-Masse au micro de Catherine Richer, chroniqueuse culturelle au 15-18.
L’idée du balado a été inspirée par l’histoire du rap aux États-Unis, où plusieurs grandes villes ont donné naissance à leur propre déclinaison du genre musical, comme Atlanta, Compton, New York ou Chicago. Les deux Olivier ont voulu voir comment le phénomène s’était manifesté au Québec.
L’idée était d’explorer le lien entre rap et territoire. On ne voulait pas juste parler de musique, on voulait aussi parler du contexte social dans lequel le rap naît, explique Riff Tabaracci.
Les deux premiers épisodes du balado sont consacrés aux artistes de rap qui ont émergé du quartier Saint-Michel, à Montréal, qui a notamment vu naître le groupe Muzion, un pionnier du genre dont les chansons ont bercé l’adolescence des deux animateurs.
Au début, le rap là-bas était très festif. C’était un rap de party parce qu’il émergeait des block party [fête de quartier], qui eux avaient été ramenés directement de New York par des enfants de la diaspora haïtienne, qui ont des cousins à New York et qui allaient y passer l’été, explique Olivier Arbour-Masse.
À un certain moment donné, il y a une dynamique qui s’est installée dans ces quartiers-là, celle de la violence ou des gangs. Ça a teinté le rap et la musique qui sortaient de Saint-Michel. Certains événements, notamment avec la police, sont venus influencer le son et la nature des propos du rap qui sortaient de là.