Trois questions pour comprendre la crise au Sri Lanka
Radio-Canada
Le Sri Lanka est plongé dans le chaos depuis plusieurs semaines. La population est excédée et le président s’accroche au pouvoir.
La situation économique s’est brutalement détériorée au cours des derniers mois. L’inflation a atteint 29,8 % en avril et le prix de certains aliments de base, notamment le riz et le lait en poudre, a quintuplé. Il y a une pénurie de produits alimentaires, de carburant et de médicaments.
L’inflation grignote le pouvoir d’achat des gens, note Olivier Guillard, spécialiste de l'Asie et directeur de l'information chez Crisis24 (groupe GardaWorld). De plus, ils n’ont pas d’essence pour aller travailler et doivent passer la journée à faire la queue pour s’approvisionner. Les gens n’en peuvent plus.
En outre, l’électricité est coupée durant des heures tous les jours à cause d’un manque de combustible destiné aux centrales.
Les Sri-Lankais réclament la démission du gouvernement du président Gotabaya Rajapaksa et de son clan familial, qu’ils tiennent responsables de cette crise.
La population en veut beaucoup à sa classe dirigeante pour son incompétence, son incurie et son incapacité à trouver une sortie de crise et à pallier les conséquences économiques, souligne M. Guillard, également chercheur au Centre d’études et de recherche sur l’Inde, l’Asie du Sud et sa diaspora à l'Université du Québec à Montréal (UQAM).
Le président a d’abord répondu en décrétant l’état d’urgence et en déployant l’armée le 1er avril. Voyant que la colère ne baissait pas, il a effectué des changements au sein du gouvernement, écartant notamment deux de ses frères et un neveu, qui étaient ministres, mais cela n’a pas suffi pour calmer la rue.
Après une semaine d’affrontements qui ont causé neuf morts et 300 blessés, le frère du président, le premier ministre Mahinda Rajapaksa, a fini par remettre sa démission le 9 mai. Mais le président, lui, s’accroche au pouvoir.
C’est le résultat d’une mauvaise gouvernance et d’un ensemble de conjonctures défavorables, observe M. Guillard.