TPL : tout le monde n’en parle pas
Radio-Canada
Longtemps, Josée n’a pas su comment aider sa fille Myriam à affronter ses démons. Idées suicidaires, anxiété, crises intempestives, dépression, problèmes de socialisation, de drogue… Des premiers signes de détresse au diagnostic posé, près de dix ans se sont écoulés avant que mère et fille puissent enfin mettre des mots sur le mal-être de Myriam, aujourd’hui âgée de 19 ans: trouble de la personnalité limite.
Aussi appelé TPL trouble de la personnalité limiteou trouble de la personnalité borderline, le trouble de la personnalité limite est non seulement peu connu, mais surtout difficile à reconnaître. Un état mental où l’on est quotidiennement à la limite de tout faire péter, à n’importe quel moment, tente de définir Myriam avec des mots simples.
Elle a tout juste 8 ans lorsqu’un après-midi, son professeur d’éducation physique se présente à la maison. L’enseignant fait part à sa mère des idées suicidaires exprimées par Myriam à l’école. Pour Josée, c’est le choc.
L’annonce n’est pas prise à la légère, et plusieurs consultations avec divers spécialistes vont s’enchaîner. Tous les "euthes", les "ogues" et les "atres", on en a vu plein, se souvient Josée. Une longue exploration aux allures de montagnes russes, ajoute la maman. Jusqu’au diagnostic posé pour Myriam, vers ses 17 ans.
Myriam garde un souvenir parfaitement clair de la détresse exprimée dans son enfance. Encore aujourd’hui, ce n’est pas facile. Puis même si j’y pense encore des fois, je me dis que la vie vaut la peine d’être vécue. C’est pour ça que maintenant, je veux aider les autres jeunes, et même les adultes, à se sentir mieux, affirme-t-elle, convaincue que parler, c’est aider les autres.
Après une adolescence tumultueuse marquée par l’usage de drogues et des relations tendues avec ses parents, Myriam dit avoir trouvé de l’aide dans la médication qui lui est prescrite depuis ses 18 ans, peu après le diagnostic. Associée à d’autres médicaments indiqués pour lutter contre la dépression, la quétiapine l’aide à juguler ses anxiétés.
Je n’avais pas de préjugés [sur ce médicament]. J’ai été une adolescente qui a malheureusement consommé beaucoup, beaucoup de drogues. Le médicament n’était donc pas quelque chose qui me faisait peur. Je me disais: "Au moins, pour une fois, ma douleur va être contrôlée, je ne la contrôlerai pas avec n’importe quoi, trouvé n’importe où", explique Myriam. Ça aide énormément, énormément à ce que j’aille mieux.