Tant qu’à s’élancer au 1er rang, le CH a visé le coup de circuit
Radio-Canada
Pour comprendre ce qui s’est produit au début du premier tour du repêchage jeudi soir, il suffit de revenir à la base et de se demander quelle est la denrée la plus rare et la plus précieuse dans le monde du hockey. La réponse est toujours la même : des joueurs capables de marquer des buts avec régularité.
Depuis des lunes, les équipes de la LNH tentent de soupeser la valeur de la production offensive des meilleurs espoirs en fonction des différentes ligues où ils jouent.
Par exemple, 18 attaquants provenant de la Ligue junior de l’Ontario ont été sélectionnés aux cinq premiers échelons du repêchage de la LNH entre 2005 et 2016. Une fois arrivés dans la LNH, les plus talentueux attaquants issus de cette ligue junior ont offert une production moyenne qui correspondait, grosso modo, aux deux tiers du total de buts obtenus à leur année de repêchage.
Toujours à titre d’exemple, depuis son arrivée dans la LNH, Connor McDavid génère en moyenne, par tranche de 82 matchs, 71,8 % des points et 66 % des buts qu’il avait récoltés à sa dernière année junior. Et on ici parle du meilleur joueur au monde. Mitch Marner, un autre exceptionnel, produit 69,8 % des points et 61,3 % des buts qu’il récoltait chez les juniors.
Je le répète, on parle ici d’attaquants exceptionnels. Pour les joueurs qui ne possèdent pas entièrement la substantifique moelle du marqueur, la production chute souvent de 50 %, et même plus, une fois dans la LNH. C’est ce qui est arrivé à des joueurs comme Ryan Strome (44,3 %) ou Sam Bennett (37,4 %).
Avec ses 32 buts et 62 passes inscrits avec Kingston, dans un scénario optimiste, Shane Wright posait un vrai risque de devenir un marqueur de 16-20 buts. Il n’a inscrit que 32 buts dans la OHL même si son QI hockey est extrêmement élevé, qu’il exécutait parfaitement une foule de détails et qu’il faisait bien paraître tous les joueurs qui l’accompagnaient sur la patinoire.
Il n’a pas glissé au 4e rang pour rien. Quand vous sélectionnez au début du repêchage, vous devez rechercher le joueur le plus susceptible de vous procurer la denrée la plus rare. Vous devez viser le coup de circuit.
Cela dit, ça faisait mal de lire la déception sur le visage de Wright quand son nom a été prononcé au 4e rang par le Kraken de Seattle. Ce repêchage aurait normalement dû être le plus beau jour de sa vie. Mais parce que Hockey Canada et la Ligue junior de l’Ontario ont décidé de lui octroyer un statut de joueur exceptionnel à l’âge de 15 ans, des attentes ont été créées et il a vécu cette sélection comme un échec.
Pourquoi impose-t-on ce genre de pression à nos jeunes athlètes? Puisse-t-il s’en relever.