
Stornoway pourrait profiter d’un boycott des diamants russes
Radio-Canada
Avec la mine Renard, la compagnie Stornoway pourrait profiter d’un boycott éventuel des diamants russes dans le contexte du conflit en Ukraine.
Stornoway, une société canadienne qui exploite la mine Renard à 350 kilomètres au nord de Chibougamau, produit en effet des petits diamants bruts, un marché occupé en grande partie par la Russie. Or, la pression se fait de plus en plus forte de la part de certains consommateurs en Europe et aux États-Unis pour une alternative plus responsable aux diamants qui rapportent des milliards de dollars à la Russie.
Difficile toutefois de savoir si ces pressions auront finalement un impact pour les producteurs canadiens de diamants, selon le président et chef de la direction de Stornoway, Patrick Sévigny.
« La Russie produit 50 % des petits diamants. Donc, s’il y a une forme de boycott qui s’exerce ou qui se concrétise, c’est sûr que pour les producteurs de petits diamants canadiens, ça peut devenir encore plus profitable. »
Stornoway s’attendait à voir un impact sur les prix quand la Russie a envahi l’Ukraine au début de 2022. On en a vu un, mais ça s’est rapidement estompé. On s’est rendu compte que les diamants russes trouvent un chemin, explique M. Sévigny.
Par exemple, évoque Patrick Sévigny, certains manufacturiers ont acheté des diamants russes, les ont taillés et polis pour les revendre avec des diamants canadiens, africains ou d’autres sources sans préciser leur origine. L’enjeu, c’est qu’il existe peu de traçabilité pour les petits diamants, contrairement aux gros diamants.
C’est basé principalement sur la confiance. Il faut qu’un manufacturier qui polit et taille les diamants achète des diamants canadiens, africains ou d’autres sources que russe. Et il faut un système qui fait en sorte qu’on soit en mesure de garantir aux fournisseurs que ces diamants sont bien d’origine canadienne ou africaine et non russe. Il existe certaines initiatives de traçabilité, avec De Beers par exemple, mais c’est loin d’être répandu à grande échelle actuellement, fait observer M. Sévigny.
Avec ou sans boycott des diamants russes, Stornoway anticipe une amélioration des prix au cours des prochaines années. Les petits diamants qu’elle produit sont de plus en plus en demande pour faire des agencements plus personnalisés dans la joaillerie, qui représente 90 % de son marché. Les fermetures annoncées de certaines mines, dont Ekati et Diavik dans les Territoires du Nord-Ouest, entraîneront aussi une baisse de l’offre. Celle-ci a déjà fondu de 20 % depuis 2017, passant d’environ 150 millions de carats à 120 millions.
La durée de vie de la mine Renard est prévue jusqu’à la fin 2025. On travaille actuellement sur un projet d’extension qui nous amènerait à la fin 2028. Le projet sera présenté au conseil d’administration en février, avec l’objectif qu’il soit approuvé en mars. Et dans une perspective où le marché du diamant continue de s’améliorer, il y a encore beaucoup de ressources sur le site. Ce sont des volumes importants, mais dont la teneur est un peu plus faible. Si le marché du diamant continue à s’améliorer, il n’est pas impossible que ces ressources-là deviennent économiques. Ça pourrait nous mener jusqu’en 2040, estime Patrick Sévigny.