
Sri Lanka : le palais présidentiel résonne d’éclats de rire et de notes de piano
Radio-Canada
Dimanche, les manifestants qui ont chassé le président sri-lankais de son palais de Colombo avaient bien l'intention de continuer à occuper joyeusement le bâtiment jusqu'à ce que le chef d'État démissionne mercredi prochain, comme il l'a promis.
L'humeur était à la joie chez les manifestants. La joie de la victoire, puisque le président a promis qu'il quittera son poste. Et aussi la joie plus immédiate de profiter pendant quelques heures du luxe habituellement réservé aux dirigeants de l'État.
Notre lutte n'est pas finie, a expliqué Lahiru Weerasekara, un des étudiants à la tête du mouvement. Nous n'abandonnerons pas tant qu'il ne sera pas parti pour de bon, a-t-il déclaré aux journalistes.
Dans la soirée, un mannequin à l'effigie du président Gotabaya Rajapaksa a été accroché au porche d'une tour d'horloge sous les applaudissements de la foule, nombreuse aux abords de la résidence présidentielle.
Le chef d'État, réfugié à bord d'un navire militaire et en route pour une base du nord-est de l'île, avait annoncé samedi soir, à l'issue d'une journée marquée par plusieurs coups de force des manifestants, qu'il était prêt à démissionner le 13 juillet.
Samedi, des centaines de milliers de personnes s'étaient rassemblées dans le quartier des résidences officielles pour manifester leur colère devant la crise économique sans précédent qui plombe le pays et dont ils jugent le président en partie responsable.
Parmi eux, plusieurs centaines ont réussi à pénétrer dans le palais en escaladant les grilles tandis que les gardes s'efforçaient de les retenir juste assez longtemps pour pouvoir emmener le président.
Dimanche, certains faisaient la queue pour s'asseoir sur la chaise du président Gotabaya Rajapaksa à l'étape supérieur pendant qu'au rez-de-chaussée des enfants – et leurs parents – tapaient à qui mieux mieux sur les touches d'un piano à queue.
Dans l'imposant parc appelé Gordon Gardens, nommés ainsi en mémoire de leur concepteur, sir Arthur Hamilton-Gordon, gouverneur de Ceylan à la fin du XIXe siècle, des familles enjouées piquent-niquent au milieu de moines bouddhistes à la tête rasée et en robes safran qui s'émerveillent devant l'air conditionné et les sols en marbre.
