Spotify, un « mal nécessaire » pour des artistes qui veulent se faire découvrir
Radio-Canada
Difficile d’ignorer la polémique qui a incité Neil Young, Joni Mitchell et Gilles Vigneault à quitter Spotify, mais pour des artistes en quête de reconnaissance, la plateforme est un « mal nécessaire », source essentielle de revenus et d'exposition dont ces personnes ne peuvent se priver.
Si le balado vedette de l'animateur Joe Rogan – accusé de colporter des théories complotistes – a poussé le Canadien Neil Young à agir, il a aussi relancé un autre débat : celui autour du modèle économique du géant de la musique en ligne.
Dans l'idéal, le guitariste de jazz Michael Valeanu n'aurait ainsi probablement jamais eu [sa] musique sur Spotify. Le musicien, New-Yorkais d'adoption, dit encore envisager de temps en temps de l'en retirer, sans toutefois passer à l'acte.
Même si nous ne sommes pas d'accord avec la façon dont on nous paie, [...] nous avons l'obligation de prendre part à un système qui ne marche pas pour nous, explique par ailleurs Ralph (qui n'a pas voulu donner son nom de famille), connu sous le nom de scène Pilsner Man.
Selon plusieurs médias américains, Spotify verse, en moyenne, entre 0,3 et 0,5 centimes de dollars américains par écoute, soit entre 3 et 5 dollars américains (entre 3,8 et 6,4 dollars canadiens) pour un millier d’écoutes.
Approchée par l'Agence France-Presse (AFP), une porte-parole a rappelé que le groupe avait distribué plus de 5 milliards de dollars américains (6,4 milliards de dollars canadiens) aux détenteurs et détentrices de droits musicaux en 2020.
Comptant 381 millions d'utilisateurs et utilisatrices et représentant un peu plus de 30 % de part de marché dans le secteur de la diffusion en continu de musique, ce qui en fait le leader, Spotify est un mal nécessaire pour la plupart des artistes de la musique, comme le résume Leo Sidran, chanteur, compositeur, musicien et animateur du balado The Third Story.
Je réalise que la relation est problématique, dit-il, que nous ne recevons pas de rémunération juste ou équitable, avec un modèle qui favorise 5 % des artistes au sommet. Cependant, quitter Spotify me priverait d'un énorme potentiel, qui permet aux gens de me trouver, ou même de le découvrir, ajoute-t-il.
Selon le site du magazine spécialisé Billboard, Neil Young et Joni Mitchell se priveront d'un peu plus de 10 % de leurs revenus en renonçant à Spotify, mais ces artistes gagnent, par ailleurs, plusieurs millions de dollars par an et se trouvent sur d'autres plateformes.