Souldia, soldat du rap
Radio-Canada
Attablé à une boulangerie du quartier Hochelaga, à Montréal, Souldia se fait accoster par un fan : « Hey ‘scuse moi big, c’est Souldia? Qu’est-ce que tu fais au Pain Doré? » « Ouais, ça va? C’est bon, le Pain Doré! » répond jovialement le rappeur, avant de se prêter, enthousiaste, à une séance photo.
Quelques secondes plus tard, l’artiste hyperactif se rassoit, tout sourire. Et reprends du tac au tac : Mais ouais, quand j’ai vu Tronel arriver de façon sérieuse avec son EP, j’ai trouvé qu’il amenait quelque chose de rafraîchissant.
Tronel, c’est le projet solo de MC Tronel, du groupe de rap satirique Les Anticipateurs, connu pour son hymne de 2012 « Sapoud » (Nouvelle fenêtre). Son premier microalbum solo, Diablo, a rapidement capté l’oreille de Souldia, qui l’a spontanément invité à collaborer sur Non conventionnel, son 11e opus paru vendredi.
Plusieurs styles se côtoient dans cette collection de 18 chansons. Sur Grand frère, on peut entendre les accords de guitare estivaux de Jay Scøtt. Sur Haute définition, Souldia s’offre un reggaeton en bonne et due forme.
Et sur Amnésia, Problème, Drip et Toxique, le rappeur renoue avec le phrasé coup de poing qui a fait sa marque de commerce, flanqué de ses acolytes Lost, Izzy-S, Koriass, Shreez et Tizzo.
À chaque nouvel album, j’ai envie d’essayer de nouvelles choses, raconte Souldia. J’écris du rap, mais j’écoute aussi beaucoup de rock. J'écoute du blues, j’écoute du jazz, j’écoute du death metal, j’écoute du punk rock. J’essaie de mélanger tout ça, tout en gardant mon identité.
« J'ai envie de m'enlever ça, moi, les barrières du "faut que le rap soit comme çi, ou comme ça" »
Avec Non conventionnel, Souldia réaffirme donc sa posture de rappeur indomptable. Car si l’industrie de la musique et du divertissement semble enfin lui ouvrir ses portes, il n'entend pas aseptiser son rap frontal pour autant.
En novembre, l’artiste a reçu son premier Félix en carrière pour son opus Dixque d'art, après avoir interprété une version particulièrement inspirée de sa chanson Les apparences avec une violoncelliste (Nouvelle fenêtre). Quelques mois auparavant, il vivait une autre consécration en foulant les planches de la plus grande scène des Francos de Montréal.