Serez-vous moins productif au travail après le changement d’heure?
Radio-Canada
Bien que ce ne soit qu’une différence de 60 minutes dans votre vie, le retour à l'heure normale dans la nuit de samedi à dimanche aura probablement des répercussions sur votre horloge biologique, votre sommeil… et votre productivité au travail.
Aussitôt qu’on touche au rythme circadien [rythme biologique de 24 heures], on touche au sommeil, ce qui a un impact sur la concentration, explique la Dre Marie-Hélène Favreau, de la clinique du sommeil HALEO, à Montréal.
Le changement d’heure se révèle moins problématique à l'automne qu'au printemps, où la nuit est plutôt raccourcie de 60 minutes. N’empêche, selon la Dre Favreau, les effets de la perturbation des habitudes se font sentir pendant plusieurs jours chez certaines personnes.
Si on a déjà une dette de sommeil et que le sommeil devient moins bon pendant les journées qui suivent, ça vient juste accentuer le problème.
Le mois de novembre est toujours un mois pénible, ajoute la Dre Favreau. Il y a déjà peut-être des éléments au niveau de la santé mentale qui ne sont pas favorables, puis on ajoute un élément supplémentaire avec le changement d’heure.
Le vice-président à la croissance et au succès de la clinique, Julien Heon, dit d’ailleurs observer cette année – comme chaque année – une augmentation de l’affluence en lien avec l’automne. Les gens sont aussi de plus en plus fatigués. La proportion de Canadiens qui ont des symptômes d’insomnie a doublé avec la pandémie.
Depuis 2015, HALEO offre principalement ses services aux entreprises canadiennes qui désirent aider leurs employés à mieux dormir et limiter les impacts d’un mauvais sommeil sur la productivité. Vingt-cinq personnes travaillent à temps plein au sein de l’entreprise montréalaise, qui commence à offrir ses services aux États-Unis.
Cinq séances de téléconsultation d’une trentaine de minutes seraient en moyenne suffisantes pour voir des améliorations face aux troubles du sommeil.
Peu d’études ont jusqu’ici fait état des conséquences du manque de sommeil sur la productivité au travail au Canada, encore moins en raison du changement d’heure. En 2009, une étude du chercheur québécois Charles Morin, publiée dans la revue universitaire Sleep, concluait que, sur une période de trois mois, les insomniaques au Québec vivaient l’équivalent de 10 journées de productivité réduite, contre une seule chez les bons dormeurs. Les coûts associés à l’absentéisme au travail en raison de l’insomnie frôlaient alors le milliard de dollars par an, et les pertes de productivité, cinq milliards annuellement.