Risques de cancers à Rouyn-Noranda : le gouvernement alerté dès 1979
Radio-Canada
La contamination des enfants de Rouyn-Noranda à l'arsenic, au cadmium et au plomb est documentée par le gouvernement du Québec depuis plus de 40 ans, tout comme l'excès de décès liés au cancer du poumon et aux maladies respiratoires. C'est ce que démontre une vaste étude réalisée par des fonctionnaires à la fin des années 1970. Ils évoquaient même dans leurs conclusions des normes à respecter et le principe du pollueur-payeur.
Il faudra être plus vigilant afin d'éviter les erreurs du passé qui perturbent l'environnement. Cette phrase ne date pas de 2022, mais de 1979. On la retrouve dans les 1745 pages du rapport du Bureau d'études sur les substances toxiques (BEST) du gouvernement du Québec, qui s'était penché à l'époque sur le cas de Rouyn-Noranda.
Un des volets du rapport final s'intitule Étude de la distribution de certains toxiques dans la population de Rouyn-Noranda. Le BEST conclut alors à des différences statistiquement significatives entre Rouyn-Noranda et les villes de Val-d'Or et Ville-Marie, dans la même région.
L'étude conclut qu'il existe un risque réel pour ces enfants et qualifie les résultats d'alarmants. Le taux d'arsenic dans les cheveux est alors 2 à 3 fois plus élevé dans la zone habitée proche de la Fonderie par rapport aux autres zones et les enfants de cette zone subissent la plus forte augmentation.
Ce document n'est pas sans rappeler l'étude de biosurveillance menée en 2018, dans le quartier Notre-Dame, proche de la Fonderie Horne, qui a documenté que les jeunes enfants avaient 3,7 fois plus d'arsenic dans leurs ongles qu'à Amos.
Un autre volet du rapport de 1979 est une étude sur le Comportement de la mortalité dans la région de Rouyn-Noranda. On y note un excès de cancer du poumon chez les hommes de plus de 20 ans à Rouyn-Noranda par rapport aux villes témoins de Val-d'Or et Drummondville.
Chez les hommes qui n'ont pas travaillé plus de 5 ans à la Compagnie Noranda (Fonderie Horne et mine, jusqu'en 1976), on note tout de même un excès de décès par cancer du poumon dans le groupe d'âge 45-64 ans, ainsi qu'un excès par rapport à Val-d'Or, dans le groupe des d'âge 65 ans et plus.
En ce qui concerne la mortalité par maladies respiratoires chroniques, l'étude conclut à un excès de décès à Rouyn-Noranda par rapport à Val-d'Or chez les hommes de 45-64 ans.
Un tableau indique que par rapport au reste du Québec, la mort par maladie respiratoire est deux fois plus fréquente chez les hommes de Rouyn-Noranda, trois plus chez l'ensemble des femmes et quatre fois plus chez les femmes âgées de plus de 65 ans.