Rencontre avec un rare pompier autochtone de Montréal
Radio-Canada
Dix-neuf sur 2385. C’est le nombre d’Autochtones engagés comme pompiers à Montréal. Un chiffre extrêmement faible qui déçoit la Ville elle-même. Malgré ses efforts pour faire connaître le métier dans les communautés, l’objectif d’augmenter le nombre de soldats du feu originaires des premiers peuples dans la métropole s’annonce compliqué. Espaces autochtones en a toutefois rencontré un.
Robby Lagacé, chef de division au Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) est l’un de ces 19 employés aux origines autochtones. L’homme qui appartient à la nation mohawk est dans le métier depuis 30 ans. Devenir pompier, c’était un rêve d’enfance, explique M. Lagacé qui ajoute, le sourire aux lèvres : Je sais… c’est un peu cliché!
Né à Kahnawake, Robby Lagacé a d’abord été pompier-ambulancier dans la communauté. Une évidence pour le fils de l’un des fondateurs du service d’incendie du territoire mohawk de la région de Montréal.
Le pompier a du mal à expliquer pourquoi ce métier l’intéressait tant. Mais, au fil de la discussion, on sent bien à quel point c’est un passionné. Sur le terrain, lorsqu’il va à la rencontre de ses collègues, il explique les détails des opérations, à quoi sert chaque véhicule sur place, quel est le rôle de chaque pompier, comment les communications se font.
Il se souvient des collègues qu’il a perdus sur le terrain. Le dernier en date est Pierre Lacroix, décédé en service, en octobre dernier. Robby Lagacé a été son chef.
Lucide, il concède : C’est pas demain qu’on va remplir les quotas d’Autochtones au SIM. C’est un travail de longue haleine qui portera ses fruits dans les 5 ou 10 prochaines années. La Ville assure en tout cas tout faire pour augmenter ce chiffre de 19 employés autochtones.
Lorsqu’Annick St-Pierre, conseillère principale en équité, diversité et inclusion au SIM, annonce que cela représente 0,85 % des effectifs, elle ne cache pas sa honte. Il y a une vraie frustration de ne pas pouvoir en faire plus, dit-elle franchement.
On a un grand retard au niveau de l’embauche dans l’ensemble des groupes, à savoir les femmes, les minorités visibles, les minorités ethniques et les Autochtones, affirme-t-elle encore sans langue de bois.
L’objectif de la Ville est que ces groupes composent le tiers de ses employés. Il n’y a pas d’objectif précis en ce qui concerne les Autochtones.
