Réformes libérales en santé à revisiter sans tarder
TVA Nouvelles
Depuis le début janvier 2020, le Gouvernement du Québec est le plus souvent en réaction sur ses décisions pour lutter efficacement contre la COVID-19 (Transferts inopportuns, accès aux masques, mobilité du personnel, interdiction des proches aidants, absence de gestion de proximité, retard d'utilisation des tests rapides, ventilation peu considérée, etc.). On analyse beaucoup de choses sur la base des sondages et d'intérêts essentiellement partisans. Maintenant, il faut agir sur les causes et identifier les vrais enjeux sur lesquels agir et cesser de tourner autour du pot. Le système de santé qui manifeste une défaillance structurelle doit être revu de fond en comble.
Le refus du Gouvernement actuel, pour une Commission d'enquête publique indépendante sur notre système de santé, montre bien que la machine bureaucratique se protège pour camoufler l'inertie des hauts fonctionnaires. Ceux-ci, toujours en poste pour l'essentiel, ont pourtant contribué à façonner notre système actuel sur la base de valeurs visant à privatiser en douce la santé au Québec, et ce, en sabotant l'offre de service du réseau public de santé. Pour justifier leur conception du monde totalement inadaptée en situation de crise, ils continuent à défendre l'indéfendable à coup de mesures ponctuelles (programmes de formation accélérés, primes salariales, etc.) qui viendront à leur tour générer leur lot d'effets pervers.
Dès la première vague, et encore sous celle d'omicron, les hôpitaux sont submergés par les patients infectés, les services réguliers sont délestés et les soins intensifs débordent.
Comment expliquer qu'on doive se résigner à brimer nos libertés plus qu'ailleurs pour protéger notre système de santé déjà gravement affaibli bien avant la pandémie?
Le Québec rapporte actuellement beaucoup plus de décès liés à la COVID que dans plusieurs autres provinces canadiennes. La première vague fut une catastrophe en partie explicable par le transfert des aînés de l'hôpital vers les milieux d'hébergement. Ils étaient déjà à pleine capacité et en manque criant de ressources humaines formées et de matériels pour faire face à cette pandémie. Plusieurs éléments expliquent cette déroute.
Trop de rationalisation à l'image du secteur privé
À force de rationaliser à l'image du secteur privé notre système de santé, depuis de nombreuses années au Québec, comme ailleurs au Canada, on a fait fausse route. Nous avons utilisé des procédés de l’industrie manufacturière, comme la méthode Toyota. Ces méthodes mécaniques reposant sur la prévisibilité sont peu adaptées pour gérer des humains qui travaillent avec d'autres humains dans des contextes de travail variés qui demandent de l'humanité. On voulait éliminer le « gaspillage » au point de nous couper d'une réserve (en capacité de personnels, en lits de soins actifs et d'hébergement de soins de longue durée, en fournitures et en équipements) lors de périodes difficiles. Avec ses 2 lits par 1000 habitants, le Québec est l’une des pires provinces dans un pays qui, avec ses 2,5 lits par 1000 habitants, figure déjà bien en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE (4,7 lits par 1000).
Cette rationalisation de l’utilisation des ressources en santé nous amène à un système utilisé à pleine capacité ou davantage. C'est ce même système qui déborde plus qu'ailleurs généralement, comme en période de pandémie ou de vacances. On utilise face à cela, comme stratégie parfois dramatique pour les citoyens, le délestage et le rationnement par le biais de listes d'attente.