Réaffectation d’une enseignante voilée : « injustice » dénoncée lors d’une manifestation
Radio-Canada
Le retrait d'une enseignante de sa classe en Outaouais parce qu'elle porte le hijab continue de susciter l'indignation. Quelques dizaines de personnes ont manifesté leur appui à Fatemeh Anvari, qui a été réaffectée à d'autres tâches, et leur opposition à la loi 21 sur la laïcité de l'État, mercredi soir, à Montréal.
Le rassemblement a été organisé par le groupe Non à la loi 21, qui invitait les participants à porter un ruban vert. Ils se sont réunis à l'intersection des rues Sainte-Catherine et Jeanne-Mance, près de la Place des Arts, pour dire non à la loi qu'ils jugent discriminatoire et frappant de plein fouet la Charte des droits et libertés de la personne du Québec.
Finissante au baccalauréat en enseignement, Amal Sassi porte le voile et a ressenti une forte tristesse et une injustice devant la réaffectation de Mme Anvari parce qu'elle contrevenait à la loi 21 en refusant d'enlever son voile.
Pour moi, le foulard c'est un vêtement qui couvre mon corps. [...] Si l'on m'oblige de travailler sans mon voile, je serai capable d'enseigner de la même façon, mais je me sentirai opprimée parce qu'on m'oblige à enlever un vêtement que je choisis de porter pour couvrir mon corps. Ça fait partie de mon identité, a-t-elle dit à La Presse canadienne.
Rana Elmousawi, une enseignante au primaire depuis 2000, portant aussi le voile, trouve malheureux ce qui se passe et ne pensait jamais voir une telle situation au Canada. Elle a l'impression d'être dans une deuxième classe depuis l'entrée en vigueur de la loi 21.
On n'est maintenant pas comme les autres. [...] Pourquoi m'oblige-t-on de l'enlever? C'est une chose que j'ai choisie. Personne ne m'oblige, a affirmé Mme Elmousawi, déplorant qu'elle doive enlever son voile si elle change de poste ou de centre de services scolaire.
Les manifestants ont demandé au gouvernement caquiste de faire marche arrière et de renverser la loi sur la laïcité qui interdit le port des signes religieux aux personnes en position d'autorité.
La présidente de l'organisme Communication pour l'ouverture et le rapprochement interculturel, Samira Laouni, a appelé le premier ministre François Legault à réfléchir et avoir un peu plus de compassion.
Oui à la laïcité de l'État, mais non à la laïcité des personnes, a-t-elle lancé à la foule. Les personnes sont libres d'être ce qu'elles veulent.