Qui parle français au sein de votre C. A.?
Radio-Canada
Plusieurs polémiques liées à la langue française ont secoué le Québec au cours des derniers mois. Pour éviter ces situations et parce qu’il s’agit « de la responsabilité sociale » des entreprises, une organisation de défense des actionnaires propose que les langues maîtrisées par les administrateurs de sociétés soient divulguées.
Novembre 2021. Une déclaration du patron d’Air Canada, Michael Rousseau, provoque un tollé. Incapable de parler français lors d’un événement, il affirme candidement avoir pu vivre au Québec en anglais uniquement pendant 14 ans et que son emploi du temps l’empêchait d’apprendre la langue de Félix Leclerc.
Les propos choquent la classe politique et provoquent une vive réaction au sein de la population : plus de 2500 plaintes sont enregistrées au Commissariat aux langues officielles.
D’autres entreprises sont aussi montrées du doigt, notamment SNC-Lavalin, dont le patron, Ian Edwards, décide d’annuler un discours prévu seulement en anglais quelques jours plus tard. Au printemps 2022, le Canadien National (CN) est aussi critiqué pour l’absence de francophones dans son conseil d’administration.
Tous ces cas survenus en l’espace de quelques mois ont relancé le débat sur l'usage du français au sein des grandes entreprises au Québec. D'après le Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires (MEDAC), il est grand temps que les sociétés fassent davantage preuve de transparence sur les langues parlées par leurs administrateurs, et ce, pour leur propre bénéfice.
Plusieurs controverses sur la langue ont frappé des entreprises d’envergure nationale au pays et, par leur caractère visiblement récurrent, constituent non seulement un risque à la réputation, mais véritablement un risque financier, soutient Willie Gagnon, directeur général du MEDAC, en entrevue avec Radio-Canada.
L’organisation a d’ailleurs soumis récemment une proposition en ce sens aux sept grandes banques canadiennes en vue des assemblées générales annuelles des actionnaires qui auront lieu en 2023.
Le MEDAC propose que les langues maîtrisées par les administrateurs soient divulguées dans la grille de leurs compétences et expertises, qui se trouve dans la circulaire de l’entreprise.
« Par maîtrise, il est entendu un niveau de langue suffisant pour en permettre l’utilisation généralisée. »