Qui freinera les acquisitions d’usines de fruits de mer par de grands consortiums?
Radio-Canada
Les acquisitions et les consolidations dans le domaine des pêches dans l’est du Canada se sont accélérées au cours des dernières années.
Les usines de transformations, les shops à poisson, sont des fleurons de l'économie en Acadie. À l'exception de la Péninsule acadienne, où la majorité des usines appartiennent et sont encore gérées par des Acadiens, de nombreuses usines en Atlantique sont maintenant la propriété de firmes d'investissements et de consortiums provenant d'autres provinces et d'ailleurs dans le monde.
« Moi ça fait 50 ans que je suis dans l'industrie et je n'ai jamais vu quelque chose de semblable d'aussi rapidement avec du capital de cette ampleur-là. »
Dans la petite communauté de pêcheurs de Cap-Pelé, l'image est frappante : au cours des trois dernières années, les deux plus importantes usines à homard du village ont été vendues à des consortiums dont les sièges sociaux sont à Montréal et Vancouver.
C'est pourquoi je dis : prenons le temps de respirer et de comprendre qu'est-ce qui se passe, puis de s'assurer que quand même que ce serait dans l'intérêt de nos communautés rurales, que c'est dans l'intérêt de nos pêcheurs, que c'est de l'intérêt de nos travailleurs d'usine, que c'est dans l'intérêt de nos provinces, indique Gilles Thériault, directeur du développement commercial a l'usine McGraw Seafoods, à Tracadie.
Ces sociétés - Champlain Financial et Premium Brand Holdings - ne se sont pas limitées à Cap-Pelé. Elles possèdent désormais une dizaine d'usines au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse et sont devenues des géants dans l'industrie.
Mais ces acquisitions pourraient être de courtes durées, du moins pour l'une de ces sociétés. Après avoir fusionné plusieurs usines, la firme d'investissements Champlain serait déjà prête à se départir de ses usines, selon un magazine spécialisé dans l'industrie des fruits de mer. L'entreprise n'a par ailleurs pas confirmé ou démenti cette information.
Leur seul et unique objectif, c'est d'essayer de faire le plus de profit possible pour revendre. Alors ça, ça mérite quand même un échange et une réflexion plus pondérée au lieu d'être simplement des observateurs qui regardent le train passer, fait valoir Gilles Thériault
Gilles Thériault représente aussi les transformateurs de crabe des neiges au Nouveau-Brunswick. Certains de ses membres ont été achetés par ces consortiums. Même s'il dit comprendre l'occasion d'affaires, les bienfaits d'injecter de nouveaux capitaux privés et la modernisation, il demande un temps de réflexion sur l'avenir de l'industrie.